Crise migratoire : Le président du Sénat ivoirien, Jeannot Ahoussou-Kouadio, rassure les parlementaires européens
Le président du Sénat ivoirien, Jeannot Ahoussou-Kouadio, prenant la parole à l'hémicycle du Palais du Luxembourg (crédit photo : @Frédéric Reglain)
Le Président du Sénat ivoirien, M. Jeannot Ahoussou-Kouadio, a pris part, à la rencontre biennale des 14 et 15 juin 2019 de l’Association des Sénats d’Europe au Palais du Luxembourg (siège du Sénat français à Paris) qui a élargi, pour la première fois, ses travaux aux deuxièmes chambres africaines.
Le Président du Sénat français, Gérard Larcher dont on connait l’attachement et l’amitié profonde pour l’Afrique, veut marquer sa présidence de l’association des Sénats d’Europe, par des initiatives de coopérations et de partage d’expériences avec les autres continents. Celui qui qualifie la pratique du bicamérisme français, vieille de plus de deux siècles, de « balancier stabilisateur des institutions », a convié, à cet effet, au Palais du Luxembourg, outre les délégations des 15 pays européens membres de l’association, les présidents des secondes chambres de huit pays d’Afrique : l’Algérie, le Cameroun, le Gabon, le Kenya, le Maroc, le Nigéria, la République du Congo et la Côte d’Ivoire.
Cette 20ème session qui avait pour thèmes « le dialogue euro-africain des deuxièmes chambre » et « le bicaméralisme : un atout pour la démocratie » a tenu toutes ses promesses.
Européens et Africains ont en effet pris l’engagement de mutualiser leurs efforts pour faire face aux défis communs que sont la lutte contre le terrorisme, le développement, l’éducation, la résolution de crises, le réchauffement climatique, les phénomènes migratoires (…)
La communication de la Côte d’Ivoire, dernier-né des Sénats du Continent, était très attendue par l’ensemble des participants. Invitant son homologue ivoirien à la tribune, le président Gérard Larcher n’a pas manqué de saluer la célérité de la mise en œuvre de la deuxième Chambre ivoirienne et son dynamisme.
A la tribune de l’hémicycle, le Président Jeannot Ahoussou-Kouadio a expliqué, avec beaucoup d’aisance, les efforts consentis par la Côte d’Ivoire pour lutter contre le phénomène des migrations irrégulières et rendre effectif le bicamérisme depuis l’avènement au pouvoir de Président Alassane Ouattara.
12 000 migrants ivoiriens enregistrés
sur les côtes italiennes selon l’OIM
Sur la question du départ en masse des populations jeunes à l’étranger, une problématique dont un rapport de 2017 de l’OIM (Organisation internationale des Migrations) estime le nombre de migrants se réclamant de la nationalité ivoirienne enregistrés sur les seules côtes italiennes à 12 000 personnes. Le président du Sénat ivoirien a indiqué que « la Côte d’Ivoire a pris d’importantes dispositions en matière d’accueil, d’intégration sociale, d’insertion et de mise en œuvre de quelques instruments pour lutter contre la migration irrégulière. »
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, alors que le pays affiche un taux de croissance constant de 8 %, et des salaires jugés relativement meilleurs que dans bien des contrées de la région confrontées à la misère, à la menace terroriste et au changement climatique, cela n’empêche pas sa jeunesse de partir à l’aventure par la voie périlleuse de la traversée de la Méditerranée. D’ailleurs, une étude réalisée par l’OIM, citée par le président du Sénat ivoirien, confirme, effectivement que « de mai 2017 à mai 2018, au moins 85% des migrants ivoiriens en situation irrégulière avaient un emploi rémunéré en Côte d’Ivoire avec pour la plupart, un revenu mensuel d’au moins 100.000 francs CFA, soit 150 euros. »
Pour endiguer le phénomène, M. Jeannot Ahoussou-Kouadio a fait savoir qu’une batterie de mesures ont été prises. C’est le cas du « Projet Initiative Conjointe Fonds fiduciaire d’Urgence de l’Union européenne (FFUE-OIM) doté d’un montant de 1,7 milliards de francs CFA (2,7 millions d’euros) couvrant la période de 2017-2020 qui a enregistré de mai 2017 à juillet 2018, la prise en charge de 2.668 migrants », et d’une loi répressive sur le trafic illicite de migrants votée en 2017.
Dans le contexte du nouveau partenariat avec les secondes chambres européennes, le Président du Sénat ivoirien propose d’organiser un colloque international en Côte d’Ivoire pour mener la réflexion sur « le type de partenariats qui pourraient être scellés entre les diasporas et le gouvernement ivoirien d’une part, et entre le gouvernement et les pays d’accueil des diasporas ivoiriennes, d’autre part ». Ce partenariat devrait permettre, à terme, d’impliquer davantage « les diasporas à la transformation socio-économique des pays d’origine et d’accueil. »
Les transferts d’argent des diasporas africaines
s’élèvent à 65 milliards de dollars américains
Faisant référence à une étude de l’African Institute for Remittances (AIR) M. Jeannot Ahoussou-Kouadio a fait observer, qu’en 2017, les diasporas africaines ont envoyé aux résidents de leurs pays d’origine 65 milliards de dollars américains, équivalant à 44,33% des 146,6 milliards de dollars américains de l’Aide publique au développement accordée par l’Organisation pour la Coopération économique (OCDE) aux pays africains sur la même année.
M. Jeannot Ahoussou-Kouadio a conclu que, « le Sénat se propose de faire le plaidoyer auprès des organisations interparlementaires et des instances dont elles défendent les intérêts pour solliciter le concours nécessaire à la mise en œuvre de programmes d’appui aux stratégies d’engagement des diasporas au développement national. »
Au terme de travaux de XXème session, les Présidents des délégations de l’Association des Sénats d’Europe se sont félicités de la participation des sénats africains. Ils ont estimé que la première rencontre entre sénats africains et européens ne devait pas rester sans lendemain et que le dialogue devra se poursuivre et s’amplifier. Plusieurs sénats africains envisagent, de leur côté, la constitution d’une association des sénats d’Afrique.
A la veille de la rencontre des secondes chambres européennes et africaines, le président du Sénat de Côte d’Ivoire a été reçu pour la seconde fois par son homologue français, Gérard Larcher, au Palais du Luxembourg. Les deux hommes s’étaient déjà rencontrés le 7 novembre 2018. Lors de ce tête-à-tête, ils ont évoqué l’état de la coopération entre les deux institutions en vue de faire bénéficier à la partie ivoirienne la riche et longue expérience française dans la pratique du bicamérisme. Cette rencontre a été sanctionnée par la signature du livre d’or du Sénat français, d’échanges de présents et la promesse du président de la seconde chambre du pays hôte de se rendre en Côte d’Ivoire à l’invitation de son homologue ivoirien
Source : Sercom SENAT
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