Forum des Diasporas Africaines à Paris : Sidi Touré invite les Ivoiriens de l'Extérieur à venir investir en Côte d'Ivoire
Présent à la 2ème édition du Forum des diasporas africaines en France tenu à Paris le 21 juin, Sidi Touré, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement ivoirien, a présenté les mesures prises par le gouvernement pour attirer les Ivoiriens de France à venir investir en Côte d’Ivoire.
Par Clément Yao
Prendre en compte les préoccupations des Ivoiriens de l’extérieur pour mieux les accompagner dans la réalisation de leurs projets d’investissements, c'est le but des annonces fortes faites par M. Sidi Tiémoko Touré, ministre ivoirien de la Communication et des Médias, qui était accompagné par le Directeur général des Ivoiriens de l’Extérieur, M. Issiaka Konaté, à l'occasion du Forum des Diasporas Africaines.
Au nombre de ces mesures phares, figurent notamment la création d’« un fonds pour accompagner l’investissement de la diaspora ivoirienne en Côte d’Ivoire » et d’une « cartographie des Ivoiriens de l’étranger » pour mieux les répertorier quantitativement et qualitativement sur les cinq continents.
M. Sidi Touré a laissé entendre que ces mesures traduisent la volonté politique du Chef de l’Etat ivoirien, Alassane Ouattara, de faire participer ce capital humain expatrié (estimé à un million d’âmes à travers le monde) à l’économie de la Côte d’Ivoire.
C’est à juste titre qu’il a rappelé, lors de son intervention, la création en 2012 du ministère de l’Intégration africaine et des Ivoiriens de l’Extérieur, confié à M. Ally Coulibaly et dont la mission est de « tout mettre en œuvre pour transformer les Ivoirins de la Diaspora en véritables investisseurs dans leur pays. » Cette diaspora transfère en effet dans son pays d’origine un peu plus de 200 milliards de Francs CFA, soit 1% à 2% du Produit Intérieur Brut (PIB). Ce qui n’est pas rien.
Le Directeur général des Ivoiriens de l’Etranger, M. Issiaka Konaté, a, pour sa part, annoncé qu’« une politique de gestion des Ivoiriens de l’extérieur sera, très bientôt, soumise à l’approbation de la diaspora à l’occasion de son prochain forum. » Au fait des réalités, il n’a pas manqué de souligner qu’en plus des demandes d’accompagnement à l’investissement, il y a, malheureusement aussi, des demandes d’ordre social voire humanitaire. Des Ivoiriens en difficultés dans les pays d’accueil sollicitent l’assistance du gouvernement pour les aider à retourner en Côte d’Ivoire. Ce sont autant de préoccupations qui seront débattues lors de ce prochain forum de la diaspora ivoirienne.
Pour cette seconde édition 2019, le Forum des Diasporas Africaines a connu le même succès que lors de la première édition de 2018. Il a accueilli des milliers de participants – 3000 personnes l’année dernière – dont essentiellement des porteurs de projets à forte valeur ajoutée.
Organisé par l’Institut de Prospective du Monde Méditerranéen (IPEMED), que préside Jean-Louis Guigou, avec le concours de Classe Export et de nombreux partenaires, ce rendez-vous annuel a pour objectif d’inventer des stratégies de co-développement qui répondent au mieux à l’intégration des populations issues de l’immigration africaine dans l’émergence de leurs pays d’origine.
Cette rencontre, qui n’a duré qu’une journée, a été l’occasion de valoriser le rôle des diasporas, de faire du réseautage et surtout de proposer des solutions concrètes aux grandes problématiques du moment. A savoir, l’accès aux financements devenu un véritable parcours du combattant, la mobilité professionnelle dont les obstacles ont été identifiés, et le recrutement de jeunes talents.
Dix milliards d'euros de transferts d'argent vers l'Afrique
Quant au potentiel financier de ces diasporas africaines, les chiffres plaident en leur faveur. Dans l'Hexagone, où vivent 3,6 millions de personnes d’origine africaine dont 142 000 étudiants, les transferts d’argent vers l’Afrique sont estimés à dix milliards d’euros, ce qui représente environ 6 560 milliards de francs CFA. Ce flux financier est passé du simple au double avec une augmentation de 5,6 %, et 75 % de ces fonds sont destinés aux dépenses courantes des familles restées au pays.
A l’échelle mondiale, selon un rapport de l’African Institute for Remittances (AIR) de 2017, les diasporas africaines ont envoyé aux résidents de leurs pays d’origine, 65 milliards de dollars américains. Ce montant équivaut à 44,33% de l’aide publique au développement (146,6 milliards de dollars américains) accordée par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) aux pays africains.
Si cette générosité et cette solidarité agissantes des diasporas africaines sont saluées à juste titre, beaucoup de spécialistes penchent pour que celles-ci s’investissent davantage dans les secteurs de croissance comme les services financiers, la grande distribution et l’énergie qui représentent les enjeux du futur du Continent qui comptera d’ici 2050 entre 2,5 à 3 milliards d’habitants.
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