Projet de loi sur les Migrants : Une députée française de la majorité s'attaque au dossier explosif de l'immigration africaine !
Photo Frédéric Reglain
Députée de la République en marche, Mme Alexandra Valetta-Ardisson veut conduire une délégation parlementaire au Mali pour comprendre le problème de l'immigration à l'origine et s'en prendre aux racines du mal.
Par Bruno Fanucchi
Le projet de loi sur les Migrants que le ministre français de l'Intérieur, Gérard Collomb, soumettra prochainement à l'approbation de l'Assemblée nationale provoque - c'est le moins que l'on puisse dire - un vaste débat en France, y compris au sein même de la confortable majorité dont dispose pourtant le président Emmanuel Macron. Elue députée de la 4ème circonscription des Alpes maritimes sous l'étiquette de La Répubique en marche, Alexandra Valetta-Ardisson s'en apperçoit chaque jour un peu plus.
Présidente du Groupe d'études sur les Migrants (qui compte une cinquantaine de députés), elle a décidé de prendre le problème à bras le corps et multiplie depuis quelques semaines les auditions ou les voyages pour essayer de comprendre le phénomène et d'y apporter les bonnes réponses. Après avoir visité les centres de rétention de Ventimiglia, Roissy et Calais, la jeune parlementaire française de la majorité envisageait de se rendre en Libye pour aller à la source de l'une des plus importantes filières migratoires en provenance d'Afrique, mais le Quai d'Orsay l'en a dissuadé, jugeant sa démarche actuellement trop risquée.
"Il y a un travail à faire sur les flux
avec les pays d'origine
qu'il faut mettre sous pression"
Tenace, la députée a décidé de se replier sur le Mali où elle devrait conduire une délégation parlementaire au mois d'avril pour tenter de s'attaquer au problème à la racine. C'est dans ce contexte qu'elle vient de rencontrer longuement l'ancien Premier ministre malien Moussa Mara, de passage à Paris, pour prendre le poul politique du pays et tous les contacts nécessaires à la bonne réalisation de sa mission et se rendre si possible à Yelimane (dans la région de Kayes) un des points de départ dûment répertoriés des Migrants (et ils sont des milliers de jeunes sans emploi) voulant se rendre en Europe et notamment en France pour tenter leur chance à la recherche d'une vie meilleure.
« Cela ne sert à rien de travailler sur le statut du migrant en France car il n'y aura jamais de solution, mais il y a un travail à faire sur les flux avec les pays d'origine qu'il faut mettre sous pression », observe Moussa Mara qui ne mâche pas ses mots sur ce sujet explosif. L'ancien Premier ministre, qui ne cache pas son ambition d'être candidat à la présidentielle du 29 juillet prochain et de succèder au président IBK, préconise ainsi de s'attaquer aux trois sources principales de cette immigration massive : 1/ Les passeurs qui font de ce « job » un « business » juteux ; 2 / La corruption qui permet beaucoup de choses au Mali où tout s'achète ; 3 / La diaspora qui incite parfois au départ, mais pourrait être, à l'inverse, un allié précieux pour s'attaquer aux racines du mal en dissuadant leurs familles de faire venir leurs proches en France et de participer ainsi à cette migration incontrôlée.
Si elle va jusqu'au bout, cette mission parlementaire pourrait ainsi faire un travail fort utile hors des sentiers battus. D'autant plus que le projet de loi sur les Migrants prévoit deux dispositions qui risquent de raviver les passions en France avec l'extension du fameux « statut de Migrant » aux frères et sœurs du premier demandeur d'asile ayant obtenu gain de cause et aux « réfugiés climatiques ». Ce qui, l'un dans l'autre, peut représenter en Afrique un réservoir potentiel de plusieurs millions de futurs migrants en Europe. Voilà donc réunis tous les ingrédients politiques d'un dossier vraiment explosif ! Affaire à suivre...
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