Quand l'école E-Artsup Paris valorise la culture africaine
Depuis le début de l'année, la civilisation africaine est au cœur d’un projet original d’études à l’école parisienne E-Artsup. Des étudiants d’une classe de Master se regroupent tous les vendredis matin pour construire un site Internet sur une collection de bijoux africains. Reportage.
Par Herika Ouraga
« Un peuple sans culture est comme un arbre sans racines », nous dit le célèbre dicton de Marcus Garvey. Grâce à la culture, chaque peuple trouve le moyen d’exprimer sa créativité, de se forger une identité propre au sein d’une communauté bien donnée. Dans certaines civilisations, la culture reste encore précieuse. Mais, pour beaucoup, s’ouvrir à la culture de l’autre n’est pas toujours chose aisée. L’Ecole E-Artsup de Paris a franchi le cap. Les étudiants laissent parler actuellement leur ingéniosité à travers un projet de valorisation des cultures africaines.
Depuis début 2019, un groupe d’étudiants de 5ème année, travaillent sur les tribus et l’héritage des bijoux, des identités visuelles et des vêtements du continent. Le 16 mars dernier, Annick N'Guessan, membre du jury, communicante et passionnée de culture accompagnée de ses invités Kifflé Selassie Beseat, ancien directeur du patrimoine de l'UNESCO, et Moussa Cissé, Conseiller de l'Ambassadeur du Mali, ont évalué les travaux des étudiants au sein de l’école d’Art.
Un projet, en prélude à la saison des cultures africaines en France "Africa 2020", annoncé par le président Emmanuel Macron, qui s’inscrit dans le cadre d’un partenariat renouvelé avec l'Afrique, continent « multiple, fort et pluriel, où se joue une partie de notre avenir commun ».
Lorsque Nicolas Becqueret, directeur d’E-Artsup, nourrissait l’idée du projet de valorisation des bijoux africains avec Vincent Bouvier (directeur de création), il était loin de s’imaginer, qu’en si peu de temps ses étudiants arriveraient à faire des recherches de qualité sur un continent qu’ils connaissent peu. Objectif affiché : « Amener les étudiants à faire des projets engagés… au service des autres ».
"La créativité se nourrit de la différence"
Pour le directeur, la créativité passe aussi par la connaissance de la culture de l’autre. « La créativité se nourrit de la différence. Si on passe son temps sur son propre Instagram ou Facebook, à s’échanger des photos entre amis, on tourne en rond et c’est toujours la même chose… Il faut proposer aux étudiants la découverte d’autre chose », souligne Nicolas Becqueret.
Les étudiants d’E-Artsup travaillent dans de bonnes conditions dans le cadre de la réalisation de leur projet. Ils sont encadrés par Julien Vieira sous la direction de Raphael Thomas, directeur de la filière. Le site Internet, de collection de bijoux africains détenus par Vincent Bouvier, fondateur de l’agence C-Super et collectionneur de parures africaines, avance à grands pas.
Le 16 mars dernier, sept groupes d’étudiants se sont ainsi succédés devant le jury. Lors de leurs différents exposés, les jeunes nous ont fait voyager dans toute l’Afrique. Que ce soit, les bijoux ou colliers Swahili ou Yoruba (Nigéria), la richesse du peuple Bakama (culture Berbère), la création de colliers par des perles d’origine africaine ou encore des carnets de voyages en Afrique à travers la plateforme « Bajoka », les exposants ont réussi à surprendre le jury.
« J’ai été vraiment impressionné par leurs différents travaux. Ils ont eu peu de temps pour préparer toutes ces présentations. Ces jeunes ont réussi à nous produire un contenu de qualité malgré le fait que la plupart d’entre eux n’ait aucune affinité avec l’Afrique. Je leur tire mon chapeau… », raconte Moussa Cissé, diplomate de la délégation malienne auprès de l’Unesco.
La sauvegarde du patrimoine reste une priorité au sein de l’Organisation. Depuis 2003, l’Unesco a signé une convention sur le patrimoine culturel immatériel. Un projet sur la diversité culturelle en parfaite cohérence avec les exposés des étudiants d’E-Artsup. « La préservation de la culture et le respect des diversités culturelles sont l’une de nos principales missions. L’Unesco se bat pour ne pas que la mondialisation soit une attaque perpétuelle contre la diversité culturelle. Notre rôle est de faire en sorte que toutes cultures s’expriment.», explique le diplomate-écrivain, Moussa Cissé.
Le projet de l’école de créativité, E-Artsup, est également l’occasion pour les jeunes de divers horizons de s’imprégner de la richesse culturelle africaine. « Cette jeunesse arc-en-ciel, a la possibilité de continuer de diffuser nos cultures. Et je crois que, pour tous les Africains aujourd’hui, c’est la bataille que nous menons dans le respect en vue d’avoir une image reluisante sur un marché qui se veut global. », se réjouit Annick N'Guessan.
Depuis trois mois, environ quinze étudiants d’E-Artsup travaillent sur le projet de valorisation des cultures africaines. Les résultats de l’ensemble des travaux auront lieu le 19 avril prochain dans les locaux de l’école de créativité.
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