Sondage ShieldAfrica 2019 : 93 % des parlementaires africains jugent que les frontières sont mal gérées

Sondage ShieldAfrica 2019 : 93 % des parlementaires africains jugent que les frontières sont mal gérées

M. Sidiki Diakité, ministre ivoirien de l'Intérieur et de la Sécurité                                      (Photo ShieldAfrica) 


La 5ème édition du Salon international ShieldAfrica d’Abidjan (21au 24 janvier), consacré à la Sécurité et à la Défense en Afrique, s’est ouvert par une Conférence internationale sur le thème : « Des frontières terrestres, maritimes et aériennes vivantes et régulées, conditions du développement ». L’occasion de la publication d’un sondage très instructif sur ce sujet, réalisé par l'institut « Afrique Opinion » auprès de 2 600 parlementaires des pays de l’Union africaine.

De envoyé spécial à Abidjan, Bruno Fanucchi

Les frontières ont été de tout temps un enjeu vital, économique et politique pour les nations du Continent africain car elles marquent les limites de la souveraineté d’un pays où les autorités légitimes exercent leur pouvoir. Issues bien souvent des différentes « colonisations », elles sont aujourd’hui devenues intangibles. Du moins, théoriquement. Car elles sont bien souvent encore le lieu de crises, de tensions, voir d’affrontements armés.

D’où l’intérêt de ce sondage réalisé sur ce thème par « Afrique Opinion » et Mandi’s Africa Network, dans la période du 10 décembre 2018 au 10 janvier 2019, auprès d’un échantillon représentatif de 2 600 parlementaires de pays de l’Union africaine.

Ses enseignements sont révélateurs, puisque 72 % des députés interrogés estiment dès la première question que leurs pays connaissent des problèmes sur leurs frontières et que ces problèmes sont pour 63 % économiques et pour 37 % sécuritaires.

Une immense majorité (93 %) des parlementaires juge même que ces frontières ne sont « pas convenablement gérées » et que les choses ne peuvent s’améliorer qu’en coopération avec les pays voisins (97 %) de manière collective. Les problèmes frontaliers se partagent toujours à deux et ne peuvent se résoudre pacifiquement qu’ensemble, c’est le simple bon sens !

Seules 21 % d'entre elles apparaissent

comme "achevées et incontestées"

On découvre cependant que 61 % des frontières connaissent encore des contentieux (territoriaux, administratifs, économiques ou politiques) et que 18 % risquent de dégénérer en un conflit armé ! Alors que 21 % seulement des frontières du Continent apparaissent comme des « frontières achevées et incontestées ». Les frontières maritimes des différents pays côtiers du Continent sont d’ailleurs très largement méconnues (59 % contre 38 %), ce qui sous-entend par exemple d’éventuels conflits pour les zones de pêche.

Mais si les frontières sont parfois un lieu d’affrontements, de rivalités et de guerres, elles constituent – Dieu merci -  le plus souvent un lieu d’échanges économiques en général profitables à toute la sous-région. La quasi-totalité (96 %) des parlementaires africains se prononce ainsi pour une « libre circulation » des personnes et des biens à l’échelle sous-régionale, voir à l’échelle du Continent. Et il y a visiblement, à ce sujet, encore bien des progrès à faire puisque 78 % jugent « moyennement satisfaisante » l’intégration économique sous-régionale de leur pays.

Il y a, en revanche, une quasi-unanimité (98 %) pour reconnaître que les nouvelles technologies constituent un atout majeur pour assurer un meilleur contrôle des frontières, rendu bien nécessaire – en Afrique comme ailleurs – par une menace terroriste toujours diffuse et présente, et pas seulement au Sahel. Au regard de ce sondage, il paraît donc urgent de mieux gérer et surveiller toutes ces frontières, tant il est vrai que la sécurité est la condition première du développement.

Bruno Fanucchi

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