En présence de la Première Dame de Côte d'Ivoire, Mme Dominique Ouattara, et de toutes les célébrités de la mode, Wafa Sarkis vient de fêter ses 10 ans de création au Sofitel Ivoire d'Abidjan. Une soirée exceptionnelle et un superbe défilé offert à toutes les « Mamans » à l'occasion de la fête des Mères. Rencontre avec la célèbre styliste libano-ivoirienne.

Propos recueillis à Abidjan par Bruno Fanucchi

Depuis quand avez-vous adopté la Côte d'Ivoire ?

Wafa Sarkis 

Je suis née et j'ai grandi au Liban. Je suis venue en Côte d'Ivoire en 2004 et je m'y suis mariée. Je me sens complètement Ivoirienne et, comme mon mari est là, nous sommes restés ici et j'ai ouvert ma propre entreprise. Nous venons de fêter les 10 ans de Wafa Haute Couture. C'était le 25 novembre dernier à Abidjan. Au sein du grand Centre commercial de Cap Sud, on a profité de l'inauguration de notre quatrième boutique pour fêter les 10 ans de notre marque. Ce fut une grande fête dans les allées du centre avec un défilé de mode sur le thème « Fleurs et couleurs ».

Peut-on revenir sur vos dix ans de carrière ?

En 2004, on a commencé modestement avec une machine à coudre, trois à quatre bobines, un couturier et une seule cliente. La première fois que cette dame est venue chez moi, j'avais du mal à communiquer correctement avec elle car je n'avais pas encore l'habitude de parler en français. Je voulais m'exprimer, mais cela sortait de ma bouche en arabe, puis le français me revenait plus tard.. On s'est installé au quartier des 2 Plateaux, j'ai fait plusieurs années au Vallon et j'ai ouvert ma première boutique en 2012, puis les choses se sont très vite enchaînées et cela a changé complètement notre mode de travail. J'ai réalisé ma première collection de pagnes qui fut bien appréciée. On a alors lancé une nouvelle collection tous les trois mois.

Les pagnes, c'est donc votre première spécialité et le secret de votre réussite ?

C'est exact, mais, dans ma première boutique, il y avait déjà des robes de mariée et des robes de soirée. Comme le pagne a eu beaucoup de succès, on a ouvert une boutique spéciale pour les pagnes toujours rue des Jardins (aux Deux Plateaux Vallon), mais à l'autre bout de la rue, pas loin de chez moi. Comme cela, je pouvais gérer facilement les clientes et les retouches souhaitées. La styliste que je suis aime restée proche et au contact de ses clientes. Puis nous avons ouvert une troisième boutique boulevard Latrille, à côté de Soccoce. Et la quatrième boutique à Cap Sud.

Ce 17 mai, vous venez d'organiser un nouveau défilé au Sofitel Ivoire, sur la scène du ciména Majestic, en présence de la Première Dame de Côte d'Ivoire, Mme Dominique Ouattara. C'est pour vous une forme de reconnaissance et même de consécration ?

Ce fut en effet un grand honneur et une très belle soirée, organisée sur le thème « Mama Mia » en amont de la Fête des Mères et dédiée par conséquent à toutes les Mamans de Côte d'Ivoire. La première d'entre elles, Mme Dominique Ouattara, n'a pas été avare d'éloges à mon endroit : « Durant ces dix années, la créatrice n’a cessé de nous émerveiller par la précision de son travail, mais aussi par les aptitudes d’entrepreneur dont elle a su faire preuve au fil du temps. Sa marque est aujourd’hui une référence de la mode ivoirienne, avec ses majestueuses  robes de mariées, ses élégantes tenues de soir et ses magnifiques créations en pagne ». Je l'en remercie du fond du cœur.

Quatre semaines plus tôt, nous avions déjà fait un superbe défilé dans le hall du Sofitel Ivoire, c'était une grande première très appréciée, l'avant-première en quelque sorte du défilé de ce 17 mai.

Avec combien de tableaux différents pour ce show ?

Pour cet évenement, il y avait déjà cinq tableaux. Le premier en pagne avec le tissu Vlisco, qui est notre partenaire, le deuxième tableau avec des pagnes toujours de chez Vlisco, mais en soie. C'était Wafa. La troisième collection était consacrée aux « Femmes en or » avec dix très belles tenues en or. La quatrième collection intitulée « Femmes majestueuses » était constituée de dix robes de mariées très glamour. Et le dernier tableau était avec des ailes pour mieux mettre en lumière l'esprit de la fête et mettre la joie au cœur et au corps. Avec la chanteuse Teeyah et la danseuse Nadia Joanna. Et de nombreux partenaires comme Black Opal pour le maquillage et Castel Beer, qui nous accompagne toujours pour le cocktail.

D'où vous vient cette idée très originale – pour votre dernier tableau - de papillons avec des ailes qui sont du plus bel effet ?

On s'est inspiré de l'esprit « fashion » de Victoria Secret qui fait beaucoup de choses très légères en maillots de bain ou lingerie. On a essayé d'en reprendre quelques idées et de mettre cela sur les mannequins défilant en tutus pour dégager un style très léger et sexy, qui met la joie au cœur.

C'était aussi une manière de fêter exceptionnellement la Fête des Mères en avance...

Cela fut fait à dessein pour satisfaire nos clientes - et clients - qui ont parfois envie de faire un beau cadeau à leur maman en les invitant par exemple à un défilé de mode qui sorte de l'ordinaire. Au lieu de lui faire le même cadeau chaque année en lui offrant un pagne ou un parfum, offrez lui par avance un « ticket » pour notre défilé ! Cela fait toujours plaisir pour la fête des Mères. Mme Dominique Ouattara m'a fait l'honneur et l'amitié d'être là. A ses côtés, étaient également présentes de grandes dames comme Mme Duncan, l'épouse de notre Vice-Président, ou Mme Nasseneba Touré, maire d'Odienné, ainsi que des stylistes de renom.

Comment avez-vous réussi à percer dans ce milieu très sélect de la mode en Côte d'Ivoire parmi de grands couturiers et stylistes déjà reconnus comme Pathé'O ou Gilles Touré ?

Ce n'est pas si facile, mais en réalité, nous ne sommes pas vraiment concurrents car nous sommes tous membres de l'ACMCI (l'Association des Créateurs et Modélistes de Côte d'Ivoire) et nous travaillons parfaitement ensemble. Nous avons l'habitude de nous réunir pour soutenir le styliste qui est à l'honneur... Pour cette cérémonie,  j'ai ainsi invité Pathé'O, Gilles Touré, mais aussi Michèle Yakice, avec également des mannequins stars comme Séry Dorcas, ancienne Miss Côte d'Ivoire. Lorsque vous faites un événement, si vous êtes bien, reconnue et aimée dans votre milieu, les gens viennent vous soutenir. Cela donne beaucoup de cachet à l'événement.

Ne faîtes-vous pas aussi des défilés à l'international ?

On a déjà défilé à Brazzaville (Congo) et à Cotonou (Bénin), mais notre objectif est de nous ouvrir à l'international, à commencer par la sous-région, et à toute l'Afrique. Nous souhaitons également avoir des franchises dans différents pays européens comme en France et, bien sûr, aux Etats-Unis. Des franchises pour permettre à des gens d'exposer nos produits et de faire connaître nos réalisations. Nous développons également un site de vente en ligne qui sera bientôt prêt.

Quelle est l'égérie de Wafa Haute Couture ?

Elle change à chaque événément. Cette année, c'était Antonella Ghantous, une jolie métisse qui posait sur nos affiches et panneaux publicitaires annonçant notre soirée du 17 mai. Toutes nos filles étaient coiffées par les Salons Safir, avec de belles coiffures très travaillées, et maquillées par Black Opal, qui nous a même réservé lors de cette soirée une démonstration sur scène.

Quel est le prochain évémenent que vous préparez ?

Nous avons en principe un contrat pour faire quatre grands défilés de mode par an. Le prochain se déroulera à Abidjan fin novembre et vous aurez quelques bonnes suprises...