Le Président du Sénat ivoirien au Forum de Paris sur la Paix : "La Côte d’Ivoire a une longue tradition d’intégration des migrants et des réfugiés"

Le Président du Sénat ivoirien au Forum de Paris sur la Paix :

Le président du Sénat ivoirien, M. Jeannot Ahoussou-Kouadio, intervenant dans le débat sur les « Bénéfices mutuels : intégration des réfugiés et communautés hôtes »


Le Président du Sénat ivoirien, M. Jeannot Ahoussou-Kouadio, représentant personnel du Chef de l’Etat, SEM. Alassane OUATTARA, à la 2ème édition du Forum de Paris sur la Paix, a présenté le modèle d’intégration des migrants et des réfugiés en Côte d’Ivoire au cours d’un panel auquel il a participé le mardi 12 novembre dernier.

L’intérêt de ce Forum, ce sont surtout les 80 panels éclatés organisés durant ces deux journées – les 12 et 13 novembre – sur le site de la Grande Halle de La Villette autour de thématiques d’actualité pour nourrir les travaux de réflexions. Le Président du Sénat ivoirien, Jeannot Ahoussou-Kouadio, est intervenu dans le débat sur les « Bénéfices mutuels : intégration des réfugiés et communautés hôtes ». Un panel d’un niveau  de ha     ut niveau qui comprenait le représentant en France du HCR, Paolo Artini, le Directeur du Programme de la Banque Mondiale, Olivier Lavinal, la Directrice et fondatrice de la Fondation Sawa, Dr Rouba Mhaissen, et le Secrétaire d’Etat du Vatican pour les relations avec les Etats, Mgr Paul Richard Gajllagher.

Interrogé sur l’expérience ivoirienne, le président de la 2ème Chambre du Parlement a rappelé, à juste titre, la légendaire hospitalité de la Côte d’Ivoire en matière d’intégration des populations étrangères sur son territoire. Il a d’emblée fait savoir que sur « une population de 25 millions d’habitants, 30 % sont d’origine étrangère. » Un des taux les plus élevés au monde.

Pour illustrer cette hospitalité ivoirienne à toute épreuve, M. Jeannot Ahoussou-Kouadio a évoqué l’exemple de l’intégration dans le tissu économique et social de milliers de réfugiés venus du Libéria et de la Sierra Léone qui avaient afflué en grand nombre sur le territoire ivoirien au temps où ces deux pays voisins anglophones étaient meurtris par des guerres civiles.

« La Côte d’Ivoire a connu à une période de son histoire des afflux de réfugiés, a-t-il rappelé. Nous avons accueilli sur notre territoire plus de 450 000 réfugiés suite à la guerre du Libéria qui a duré de 1989 à 1996, et plus de 30 000 réfugiés sierra léonais. Le Président Félix Houphouët-Boigny qui a imprimé cette tradition ivoirienne d’accueil n’a pas voulu qu’on construise des camps de réfugiés. Ils ont tous été intégrés dans les villages et y ont vécu en toute quiétude. Dans un premier temps, c’était le Programme alimentaire mondial (PAM) qui leur distribuait des vives pour subsister. Une fois rentrés dans le circuit économique, ils ont contribué positivement à l’édification de l’économie ivoirienne. Ces réfugiés ont bénéficié de terre aride pour cultiver et étaient libres d’exercer toute activité. Certains sont même devenus des professeurs d’anglais ». Avant de conclure : « Nous avons une longue tradition d'intégration dans notre pays ».

Dans un contexte plus récent, le président du Sénat ivoirien a étayé son propos avec le cas de la région cacaoyère de la Nawa (Sud-ouest) peuplée d’environ un million d’habitants dont un taux de 60 % d’immigrés burkinabès. Un bel exemple « d’intégration positive », a commenté le Secrétaire d’Etat du Vatican. Lors des échanges, le représentant du Saint-Père a fait observer que l’arrivée des migrants dans certaines villes fantômes européennes vidées de leurs populations à cause du vieillissement, a contribué à leur redonner vie.   

M. Jeannot Ahoussou-Kouadio a également dit que le problème de l’immigration et des réfugiés ne doit pas être traité sous un prisme négatif. C’est un mal nécessaire, car ils contribuent à enrichir le pays d’accueil dès lors qu’il y a « une volonté politique d’accueil ». Evoquant les causes, le Président du Sénat ivoirien a expliqué que la « mauvaise gouvernance » et le « déficit de démocratie » sont à l’origine des crises qui forcent les populations à se déplacer. Il propose comme solution des sanctions à l’encontre des pays indexés et que la démocratie leur soit imposée.

« Le problème de réfugiés, à mon avis, il faut le traiter en amont. Lorsque les pays sont bien gouvernés, qu’il y a la paix et que la richesse est bien repartie, les populations n’ont pas besoin de fuir. En revanche, lorsque les pays sont mal gouvernés, qu’il y a la misère, les ressortissants de ces pays fuient pour aller chercher mieux ailleurs. Lorsqu’il y a la guerre, le phénomène s’amplifie davantage. Si un gouvernement met en péril la paix, ce gouvernement doit être sanctionné collectivement par les Nations unies. Le Conseil de sécurité doit pouvoir intervenir en amont par précaution pour garantir la paix à tous les citoyens du monde », a-t-il lancé.  

Face à « la mondialisation de l’indifférence » aggravée par la naissance d’une nouvelle forme de nationalisme et de populisme du rejet de l’autre, l’ensemble des panélistes ont fait des recommandations. Ils conseillent « une vision plus large » afin de traiter avec célérité et humanisme la question des immigrés et des réfugiés dans le monde. Le représentant du Saint-Père a même demandé que leur arrivée soit mieux organisée en Europe dans un cadre plus légal.

« Le droit à la paix doit être pris en compte dans la gouvernance de tous les pays du monde. La paix est une question transversale qui doit nous préoccuper tous. Nous devons nous en approprier. Les résultats de ce Forum doivent nous servir de guide. 

En Côte d’Ivoire, nous avons toujours gardé cette tradition d’accueil de l’étranger tracé par le Président Houphouët-Boigny. Aimons et protégeons notre pays, autant que faire se peut, dans l’amour et l’intérêt de tous les Ivoiriens », a-t-il conclu.

Au sortir de ce débat très animé M. Jeannot Ahoussou-Kouadio s’est dit « très satisfait » d’avoir participé à ce Forum, et a de nouveau remercié le Président  Alassane Ouattara de l’avoir mandaté pour le représenter à cette 2ème édition du Forum de Paris sur la Paix qui a tenu toutes ses promesses. 

Source :

Par Pays

COMMENTAIRES