Cinquantenaire du Fespaco Awa Kane : "Je rêve de représenter le Sénégal au Festival de Cannes"

Cinquantenaire du Fespaco Awa Kane :

La comédienne Awa Djiga Kane, Vice-Présidente de l'association "Passerelles des Arts"


Vice-Présidente de l'association « Passerelles des Arts », la comédienne Awa Djiga Kane a organisé un bus de 50 places pour venir de Dakar à Ouagadougou avec une cinquantaine d'artistes pour le cinquantenaire du Fespaco. Rencontre à l'occasion de la Journée sénégalaise du Festival

De notre envoyé spécial à Ouagadougou, Bruno Fanucchi

C'est votre première participation au Fespaco ?

Awa Djiga Kane : Je suis actrice dans la série sénégalaise « C'est la vie ». C'est un grand événement pour moi : ma découverte de Ouagadougou et ma première participation au Fespaco, où je suis en compétition dans la catégorie « Séries ». Mais la particularité, c'est que je suis venue en bus de Dakar. Je suis avec mon amie Aminata Sané à l'origine de cette initiative orginale : affrêter un bus de cinquante places pour venir à Ouaga fêter le cinquantenaire du Fespaco (Festival panafricain de l'audiovisuel et du cinéma de Ouagadougou). Beaucoup d'acteurs et de comédiens venus de très loin souhaitaient travailler avec nous, mais malheureusement on ne nous voit pas souvent dans les grandes rendez-vous africains. Si nous étions venus en avion, nous n'aurions peut-être été que deux à venir au Fespaco alors qu'en bus nous avons amené une cinquantaine d'artistes et de techniciens du spectacle.

« Passerelles des Arts », qu'est-ce que c'est ?

Cette association, dont je suis la vice-présidente, regroupe de nombreux membres touchant à tous les métiers du cinéma et du spectacle : artistes et comédiens, bien sûr, mais aussi costumiers, décors, régie et techniciens. Nous travaillons en parfaite synergie pour faire bouger les choses.

Cette caravane très originale vous a pris combien de temps pour arriver jusqu'ici ?

Cela nous a pris une petite semaine du lundi au vendredi et nous étions donc tous présents pour l'ouverture du Fespaco samedi dernier 23 février. Avec de nombreux moments très forts lors de ce périple. Nous sommes partis de Dakar à 2 h du matin, nous sommes passés à Tambacounda pour y rencontrer une association qui regroupe 124 jeunes filles entre 13 et 22 ans vivant dans des conditions un peu difficiles et on avait récolté pour elles des dons au Sénégal comme des serviettes hygiéniques, des crèmes de beauté et beaucoup de choses utiles à leur vie quodienne. Nous avions appelé cette étape « Le cœur de l'artiste » pour faire comprendre à tous que les artistes ont parfois un grand cœur et la possibilité de faire de bonnes choses pour les autres. Nous sommes ensuite passés au Mali, où nous avons projetés plusieurs films du Sénégal et avons eu des débats avec la population autour de la mortalité infantile et de la santé maternelle en général. Puis on a continué sur Bobo Dioulasso, au Burkina Faso, où d'autres projections étaient prévues, mais nous sommes malheureusement arrivés beaucoup trop tard dans la nuit et le public ne nous avait pas attendu...

Ce fut cependant une très belle initiative fort appréciée du Fespaco...

Cela fait plaisir d'être une femme et de diriger un groupe de 50 personnes. Avec Aminata Sané, nous sommes deux et nous dirigeons un groupe d'une cinquantaine d'artristes et techniciens, des femmes et des hommes, qui nous ont accompagné et sont venus à Ouaga pour se faire connaître, trouver de nouveaux rôles ou des marchés pour mieux exercer leur métier et améliorer leurs conditions de vie. Le Fespaco et cette journée du Sénégal sont une extraordinaire opportunité pour nous tous.

"J'aime les rôles pimentés,

comme celui d'une femme

qui ne se laisse pas faire"

Comment est née votre passion pour le cinéma ?

C'est une très belle histoire, presque un « conte de fée », qui commence à Dakar il y a cinq ans. A l'Institut français, je donnais des cours de jardinage aux étudiants français et je n'avais jamais fait ni de cinéma ni de théatre ! Mais on m'a repérée et l'on m'a proposé de passer un casting. J'y suis allée et on m'a présélectionnée, puis de sélection en sélection on m'a retenue pour le rôle de la méchante « sage-femme » dans la série « C'est la vie ». C'est donc pour moi une superbe « sucess story ». Cela a mis encore plus de piment dans ma vie.

Où en êtes-vous dans votre carrière de jeune actrice ?

Je suis actuellement en préparation pour le tournage de la troisième saison de la série « C'est la vie », dont je suis l'une des actrices principales et qui connaît un grand succès à la télévsion sénégalaise. J'ai eu également à faire beaucoup de publicités et quelques autres films locaux. Mais je suis venue ici pour m'ouvrir au monde du cinéma, me faire connaître et trouver – je l'espère – quelques bonnes occasions de tourner d'autres films et quelques contrats. J'ai en effet déjà tourné dans plusieurs films au Sénégal comme « Idole » et dans une série au Mali qui s'appelle « Taxi Tigui » avec le réalisateur Toumani Sangaré.

Quel est votre rêve ?

Mon rêve, ce serait de représenter dignement le Sénégal au Festival de Cannes. De monter les fameuses marches sur la Croisette.

Dès la prochaine édition au mois de mai 2019 ?

Pourquoi pas ? Il faut frapper fort et j'ai de l'ambition. En tout cas, j'y travaille sérieusement et j'ai envie de multiplier les formations pour apprendre tous les jours. Faire son métier préféré, c'est bien, mais se former c'est encore mieux. Je suis jeune, entreprenante et dynamique. Mais je ne suis pas qu'actrice, car je suis aussi une femme de terrain : je suis horticultrice, je fais des aménagements d'extérieur, je donne des cours de micro-jardinage et d'horticulture. Je suis de surcroît déléguée médicale. Je suis « open ».

Vous avez donc plusieurs vies ?

C'est exact et c'est très amusant et enrichissant de passer des plantes aux médicaments pour finir au cinéma. Mais cette vie bien remplie n'est pas donnée à tout le monde.

Au cinéma, quels sont vos scénarios et rôles préférés ?

Les rôles pimentés : celui d'une femme qui ne laisse pas faire, une battante, mais également celui d'une Maman douce, j'aime bien ça. J'adore aussi faire à l'écran le commissaire de police pour dicter et faire respecter la loi. Avec – de surcroît – le prestige de l'uniforme !

Bruno Fanucchi

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