25 ans du Resacoop à Lyon : Jeannot Ahoussou-Kouadio, Président de Sénat ivoirien, plaide pour une coopération économique plus efficace

25 ans du Resacoop à Lyon : Jeannot Ahoussou-Kouadio, Président de Sénat ivoirien, plaide pour une coopération économique plus efficace

Le Président du Sénat ivoirien, M. Jeannot Ahoussou-Kouadio intervenant à une des tables marquant les 25 ans du Resacoop. 


Invité à Lyon en France à l’occasion des 25 ans du Réseau Auvergne-Rhône-Alpes d’appui à la coopération internationale (Resacoop), célébrés ce mercredi 16 octobre, le Président du Sénat ivoirien, M. Jeannot Ahoussou-Kouadio, a fait un grand témoignage sur la vision de la Côte d’Ivoire en matière d’action internationale des collectivités territoriales.  

Par Clément Yao (source : service de communication du Sénat) 

L’Auvergne-Rhône-Alpes, la deuxième région la plus riche de France après l’Ile-de-France avec un budget annuel de fonctionnement de 3 000 milliards de francs Cfa dont environ 50 milliards consacrés à la coopération décentralisée, n’a pas fait les choses à moitié pour célébrer les 25 ans du Resacoop. Les pays partenaires traditionnels de cette coopération réussie étaient représentés à cette cérémonie. 

C’est en qualité de « Grand témoin » que le Président de la 2ème Chambre du Parlement ivoirien s’est prêté à l’exercice des questions-réponses à la table ronde sur les « 25 ans de coopération internationale : de la naissance de la coopération décentralisée à l’émergence de l’intérêt mutuel. » Occasion pour lui de dresser en quelque sorte une esquisse du bilan et des perspectives de la coopération internationale telle qu’elle est pratiquée en Côte d’Ivoire de l’indépendance en 1960 à ce jour.

 "La coopération a beaucoup apporté à la Côte d’Ivoire au niveau de l’éducation et de la formation des cadres d’aujourd’hui"

M. Jeannot Ahoussou-Kouadio a d’emblée affirmé que « la coopération a beaucoup apporté à la Côte d’Ivoire au niveau de l’éducation et de la formation des cadres d’aujourd’hui mais aussi dans divers domaines notamment l’économie, la santé, l’agriculture et les services des armées. » 

Rappelant au passage la philosophie du Président Félix Houphouët-Boigny qui stipulait que : « La Côte d’Ivoire est l’amie de tous et l’ennemie de personne. » Une philosophie fondatrice, qui selon lui, a été poursuivie par ses successeurs.

C’est pourquoi, il n’a pas manqué de souligner que « Depuis 2010, Son Excellence Monsieur Alassane Ouattara, Président de la République, poursuit activement cette politique d’ouverture de la Côte d’Ivoire sur l’extérieur à travers ses missions à l’étranger et la signature de nombreux accords de coopération avec les pays amis tels que la France, le Maroc, la Chine, etc… »

En matière de coopération décentralisée désormais ancrée dans les habitudes des collectivités, le Président du Sénat ivoirien a assuré qu’« elle contribue également au développement local. Les jumelages entre collectivités françaises et ivoiriennes, dans le domaine de l’éducation et la santé, par exemple, apportent une valeur ajoutée aux régions et communes de Côte d’Ivoire. »

Pour étayer son propos, il a cité « l’exemple des communes de la Région de l’Iffou (Centre-Est) de la Côte d’Ivoire, bénéficiant d’un programme axé sur le budget participatif. » Il a également expliqué que « La mise en œuvre du Projet d’Appui au Contrôle citoyen de l’Action Publique (CCAP) et la redevabilité à travers la pratique du budget participatif financé conjointement par l’Union européenne et les communes bénéficiaires, a pour objectif d’allouer les ressources budgétaires des communes ciblées vers les besoins prioritaires exprimés par les populations à travers la tenue de fora communautaires. »

Autre exemple concret de l’impact de la coopération décentralisée en Côte d’Ivoire, le « projet de renforcement de la planification familiale et de santé sexuelle et reproductive en cours de réalisation dans le cadre d’un partenariat entre la ville de Paris et le District Autonome d’Abidjan » pour endiguer les grossesses précoces en milieu scolaire. Sans oublier, l’appui de l’Association internationale des maires francophones (AIMF) au « projet de l’élaboration et du renforcement des politiques de planification pour améliorer l’accès aux méthodes contraceptives, le conseil et le suivi de toutes les femmes en âge de procréer » dont bénéficie encore le District d’Abidjan.

Que dire de la valeur ajoutée que veut apporter la riche Région Auvergne-Rhône-Alpes au tourisme et à la promotion des pagnes artisanaux au grand rendez-vous annuel de Paquinou, les festivités culturelles et folkloriques de la Pâques célébrée en pays Baoulé ? Ce sont-là autant d’initiatives que le Président du Sénat est venu soutenir et défendre.

Au terme de son intervention, M. Jeannot Ahoussou-Kouadio a plaidé pour « une coopération économique plus efficace » à visage humain, et a souhaité que celle-ci se fasse davantage entre pays du Sud notamment dans le cadre des grands-ensembles et intra-Etats comme l’a prouvé l’expérience d’une coopération enrichissante dans la zone Uemoa (Union économique et monétaire ouest-africaine).

Selon lui, « les parlements qui, en plus de leur mission de vote des textes de loi, assurent le contrôle de l’action des gouvernements, ont leur rôle à jouer. La coopération décentralisée, juridiquement encadrée par des lois sur la décentralisation, feront de l’action internationale une compétence à part entière des collectivités territoriales et leur permettront de conclure des conventions de partenariat avec des autorités locales étrangères pour mener des actions d’aide au développement local. »

Il a invité les responsables du Resacoop à venir en Côte d’Ivoire « explorer les approches de coopération décentralisée » à l’occasion de la rencontre que son institution organise dans les mois à venir avec « les maires, les Présidents des conseils régionaux et les gouverneurs des districts autonomes ainsi que les auteurs de la décentralisation en Côte d’Ivoire. »

Bien évidemment, après un quart de siècle d’actions sur le terrain, le Resacoop, groupement d’intérêt public qui conseille et accompagne les organisations de la Région Auvergne-Rhône-Alpes engagées dans des actions de coopération et de solidarité internationale avec les pays d’Afrique, d’Amérique du Sud, d’Asie et d’Europe de l’Est, peut bien ouvrir des opportunités d’affaires avec les régions en Côte d’Ivoire au travers de cette importante rencontre très attendue.

La célébration de ces 25 ans du Resacoop a vu la participation de deux pays africains, le Mali et la Côte d’Ivoire. La délégation ivoirienne conduite par le Président du Sénat, M. Jeannot Ahoussou-Kouadio, était composée de l’ambassadeur Lambert Aka Ezoa, Consul général de Côte d’Ivoire à Lyon, du maire du Plateau, M. Jacques Ehouo, du Président de la Région de la Bagoué, M. Siama Bamba, et des membres de son cabinet.

Coopération entre le Bélier et l’Auvergne-Rhône-Alpes : état des lieux

« La mise en œuvre du partenariat entre les deux Régions avance très bien », c’est du moins ce qui ressort de la séance de travail que le Président du Sénat, M. Jeannot Ahoussou-Kouadio, anciennement président de la région du Bélier, a eue avec M. Philippe Meunier, vice-président de la région Auvergne-Rhône-Alpes et délégué aux Partenariats internationaux, en marge des tables rondes marquant les 25 ans du Resacoop.

Le dernier a d’ailleurs rassuré la partie ivoirienne qu’une attention particulière et un suivi conséquent étaient accordés à cette coopération voulue par le président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, M. Laurent Vauquier, et le Président du Sénat de Côte d’Ivoire, M. Jeannot Ahoussou-Kouadio, deux hommes qui entretiennent d’excellentes relations depuis des lustres.   

Au cours de cette séance de travail très enrichissante à laquelle a assisté le Consul général de la Côte d’Ivoire à Lyon, l’ambassadeur Lambert Aka Ezoa, les deux parties ont passé en revues les différents projets sur lesquels sont engagés plusieurs acteurs de développement de cette région française. Il y a entre autres la question de l’eau et en l’occurrence le projet du lac Kossou qui a été évoqué. Faisant cas des problèmes de la nappe phréatique, le Président du Sénat ivoirien a fait savoir l’urgence à trouver une solution pour régler la question de la pollution de l’eau et des terres provoquée par deux phénomènes. Il a expliqué que cette pollution est liée à l’infiltration d’une part du mercure, métal nocif pour la santé et l’environnement, utilisé par les orpailleurs artisanaux, et d’autre part, le glyphosate, un herbicide cancérigène, utilisé dans l’agriculture. Une fâcheuse situation qui n’est pas sans conséquences.  

« La Côte d’Ivoire comme la France regorge de cinq grands fleuves qui traversent le pays du nord au sud, de l’est à l’ouest, en passant par le centre. Le plus grand lac, le lac Kossou d’une longueur de 120 kilomètres sur lequel a été construit un barrage dans la Région du Bélier, est pollué par ces produits chimiques avec des conséquences graves sur les populations, la faune et la flore », a déploré M. Jeannot Ahoussou-Kouadio.

Le Bélier, région à vocation agricole qui bénéficie du premier projet de Pôle Agro-Industriel du pays, pourrait voir les résultats de cet ambitieux projet compromis par cette pollution à grande échelle. « Nous devons dépolluer le lac Kossou », a-t-il fait savoir.

La question de la transformation du manioc dont la Région du Bélier est une des grandes productrices était également à l’ordre du jour des échanges entre les deux parties. Le Président du Sénat a indiqué que dans le cadre d’un partenariat interne en Côte d’Ivoire, le District autonome d’Abidjan a accordé un peu plus de 65 millions de francs Cfa à la Région du Bélier. Fonds qui a servi à offrir gracieusement des boutures de manioc aux femmes paysannes.

« Nous disposons d’une grande quantité de production de manioc cultivé sur près de 4 millions d’hectares mais transformé de façon artisanale. Nous voulons passer à la phase de l’industrialisation en implantant une usine », a-t-il laissé entendre.

En guise de réponse, le vice-président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, a indiqué que des études « hautement poussées » sur l’industrialisation de l’attiéké, denrée alimentaire très prisée des Ivoiriens et des populations de la sous-région, ont été confiées à une entreprise lyonnaise. Il a fait observer qu’en dépit de la complexité du manioc et des difficultés à trouver des investisseurs, il reste très optimiste quant à l’aboutissement des recherches pour inventer le process idéal.

« Si nous réussissons cette opération, ce sera un moment très important pour la Région du Bélier, la Côte d’Ivoire et plus largement encore toute la sous-région. Technologiquement, nous avançons très bien et nous espérons pouvoir mettre en place la première chaîne expérimentale de transformation d’ici peu », a-t-il rassuré. 

Au vu du défi alimentaire devenu une préoccupation majeure des dirigeants de la sous-région, et cela, d’autant plus qu’il faut nourrir une population estimée aujourd’hui à 350 millions d’habitants et qui pourrait dépasser, selon les projections, le milliard dans les décennies à venir, l’attiéké est certainement une des solutions pour lutter contre la faim. 

C’est pourquoi un point d’honneur a été mis sur l’industrialisation de l’attiéké, un projet qui tient à cœur M. Jeannot Ahoussou-Kouadio. 

« Je suis très heureux de la bonne coopération entre la Région du Bélier et la Région Auvergne-Rhône-Alpes », a conclu le Président du Sénat ivoirien.

Source :

Par Pays

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