Edna Chelsea Babongui : "Ce Prix Mbataganga symbolise notre identité culturelle au Gabon"

Edna Chelsea Babongui :

La journaliste gabonaise, Edna Chelsea Babongui, promotrice du « Prix Mbataganga »


Féministe engagée, la journaliste gabonaise Edna Chelsea Babongui revalorise le riche patrimoine culturel du Gabon au travers du « Prix Mbataganga », dont la lauréate de la première édition vient d'être connue. Elle livre ici les secrets de son initiative originale.

Propos recueillis par Clément Yao

A l'occasion de la célébration de la Journée nationale de la femme gabonaise, vous venez de récompenser la « Meilleure femme » de votre pays. Comment s'est déroulée la cérémonie dans le contexte de crise sanitaire du Coronavirus ?

Le 17 avril dernier, à l'occasion de la Journée nationale de la Femme gabonaise, nous avons effectivement désigné la lauréate de la première édition du « Prix Mbataganga » dans un contexte inhabituel. Avec la pandémie du Covid-19, nous vivons, en effet, une crise sanitaire mondiale. Au Gabon, les autorités ont pris un certain nombre de mesures, comme notamment l’interdiction de tout rassemblement, le respect des gestes barrières et la distanciation sociale. Dans ce contexte, il nous était donc difficile d’organiser une cérémonie rassemblant du monde. Grâce au numérique, cette rencontre a été plutôt virtuelle. Comme le prévoit le mode d'attribution du Prix, le jury s’est donc réuni virtuellement pour étudier les dossiers des candidatures avant de rendre son verdict. Pour l'instant, nous avons procédé seulement au choix de la lauréate et non à la remise du « Prix Mbataganga ». Celle-ci se fera lorsque le confinement sera levé et la situation sanitaire l’autorisera enfin.

Pourquoi avez-vous lancé ce Prix ?

Ce Prix a été créé en hommage à une « cheffesse » qui dirigea le clan des Avandjis du littoral et dans le Ntchongo-ntchinè de la lagune du Fernan-vaz, dans l'Ogooue-Maritime, dans le Sud du Gabon. Cette dernière était si puissante et sage que ce trait de caractère m'a beaucoup inspiré. Aussi est-il important de rappeler que Mbataganga signifie « Trône Magique. » À l'heure de la mondialisation, il est important de se réapproprier nos valeurs culturelles. On parle beaucoup de parité, de féminisme, des droits des femmes, cependant nous devons garder à l'esprit qu'une femme peut avoir un énorme pouvoir et être sage.

"La culture est tout ce qui nous

reste lorsqu’on a tout perdu"

Comment s'est fait le choix de la lauréate de cette première édition ?

Les membres du jury se sont basés sur le travail scientifique réalisé par le Doctorant en Anthropologie linguistique et du patrimoine Moussodou Herman Junior. Les observations sur les activités de la matriarche Celestine Bikouri (92 ans) ont  retenu l’attention du jury. Car cette dame est de surcroît leader d'un groupe de femmes de différentes générations qu’elle fédère autour de la narration de contes ou la composition de répertoires de chansons originales prônant les valeurs humaines. Elle est issue de l'ethnie minoritaire Éviya de la province de la Ngounié, dans le Sud du Gabon, une ethnie menacée d'ailleurs d'extinction. Elle est très engagée dans la conservation de sa tradition, dont elle est très fière. Elle est également active dans les cérémonies rituelles féminines. De ce fait, elle était le meilleur choix selon le jury, bien que les autres postulantes n'aient pas démérité, loin de là.

Que symbolise réellement ce Prix pour la femme gabonaise ?

Ce Prix Mbataganga symbolise notre identité culturelle au Gabon. Car « la culture est tout ce qui nous reste lorsqu’on a tout perdu », comme nous l'enseigne un dicton très populaire. La femme gabonaise, pour être reconnue, a besoin de connaître son histoire. Car, il existe bien une grande différence entre le fait d'être connu et celui d'être reconnu.

Votre initiative est-elle soutenue par les autorités de Libreville ?

Vu le contexte actuel de la pandémie du COVID-19, nous n'avons malheureusement pas pu contacter les autorités compétentes. Le moment venu, nous les saisirons pour leur faire part de notre initiative. Je suis convaincue qu’elles auront alors une oreille attentive.

Songez-vous déjà à l'édition de 2021 ?

Bien-sûr. Des partenaires se bousculent pour nous accompagner sur l’édition 2021 du « Prix Mbataganga ». Ils ont été séduits par le concept. Je profite de l’occasion pour remercier le partenaire canadien qui s’est engagé à nos côtés - lors de cette première édition - à vulgariser à l’international les contes de l'ethnie Éviya.

Le blog d'Edna Chelsea : Le blog de Leyilab La Gabonaise

Clément Yao

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