JO de Paris : Mme Digo-Kolingba, Directrice exécutive du CNOSCA : "La santé mentale de nos athlètes est primordiale"

JO de Paris : Mme Digo-Kolingba, Directrice exécutive du CNOSCA :

Mme Cécile Digo-Kolingba, Directrice Exécutive du Comité National Olympique et Sportif Centrafricain (CNOSCA)


Entretien exclusif avec Mme Cécile Digo-Kolingba, une figure clé du sport en République centrafricaine. De ses débuts atypiques dans le monde du basketball à son rôle actuel en tant que Directrice Exécutive du Comité National Olympique et Sportif Centrafricain (CNOSCA).

L'Afrique Aujourd'hui

Pouvez-vous nous parler de votre parcours et de ce qui vous a conduit à accompagner le Comité National des Jeux Olympiques pour la Centrafrique ?

Mme Digo-Kolingba

Mon parcours est, il faut le reconnaître, des plus atypiques. J'ai débuté en 2012 grâce à un partenariat entre la Fédération Centrafricaine de Basketball (FCBB) et mon cabinet de consulting, MAAT Consulting. Intégrant le bureau fédéral de la FCBB, j'ai été chargée de la promotion et de la communication durant deux ans. Ce partenariat a permis de relancer les activités de la Fédération à l’échelle nationale, aboutissant en 2013 à l'organisation du tournoi qualificatif pour l'AfroBasket de la zone 4.

Ma passion pour le sport, bien qu'ancrée en moi depuis longtemps, s'est véritablement intensifiée au contact des jeunes basketteurs centrafricains. Leur enthousiasme, malgré des conditions souvent difficiles, a nourri mon désir de m'investir davantage dans la gestion du sport. En 2014, j'ai été élue vice-présidente chargée du marketing et de la communication de la Fédération.

Pour parfaire mes compétences, j'ai suivi des cours d’administration des sports destinés aux dirigeants sportifs, dispensés par le Comité National Olympique et Sportif Centrafricain (CNOSCA). Major de ma promotion, j’ai été cooptée en tant que Secrétaire Générale Adjointe du CNOSCA. Grâce à la vision du président du CNOSCA, M. Gilles Gilbert Gresenguet, pour la promotion des femmes dans le sport, j'ai obtenu une bourse olympique pour un Master Exécutif en Management des Organisations Sportives (MEMOS) à l'Université de LUNEX, au Luxembourg, diplôme obtenu en 2023. Depuis avril 2024, je suis Directrice Exécutive du CNOSCA. Parallèlement, avec l’aide de jeunes talentueux, j’ai fondé la Fédération Centrafricaine de Canoë-Kayak, dans l’espoir de créer de nouvelles opportunités et de faire rayonner le sport centrafricain à l'international.

Quelle est votre vision pour le développement du sport et du bien-être en Centrafrique ?

Je crois fermement que pour atteindre un développement sportif satisfaisant, il est essentiel de réunir trois critères : financement, infrastructures, et politique. Chaque discipline sportive nécessite des installations spécifiques, mais leur construction dépend de financements souvent considérables, qui relèvent principalement des gouvernements. Le développement du sport, comme en témoignent les performances des grandes puissances économiques aux Jeux Olympiques, est indissociable de ces investissements. Mon objectif est de favoriser ce type d'engagement en Centrafrique.

Quels sont les principaux programmes mis en place par le Comité pour promouvoir la santé et le bien-être en Centrafrique, notamment en vue des JO en France cette année ?

Le Comité International Olympique (CIO) a initié plusieurs programmes visant à promouvoir la santé et le bien-être des athlètes, dans la perspective des Jeux Olympiques de Paris 2024. Au niveau national, l'une des missions du CNOSCA est de soutenir les fédérations sportives dans le développement de leurs disciplines, en collaboration avec les pouvoirs publics.

La Solidarité Olympique, bras financier du CIO, fournit une aide financière et technique aux athlètes et aux Comités Nationaux Olympiques, améliorant leurs conditions d'entraînement et de compétition. Ces initiatives s'inscrivent dans un héritage durable pour la santé et le bien-être, au-delà des performances sportives.

Quels ont été les impacts les plus significatifs des initiatives du Comité sur la population et les athlètes locaux ? Quels sont les principaux défis que vous rencontrez dans la promotion du sport et du bien-être en Centrafrique ?

La situation sécuritaire en Centrafrique limite nos actions, en particulier celles nécessitant une présence physique, comme l'organisation de matchs. Toutefois, nous avons contourné ces difficultés en menant une campagne intensive de communication radiophonique. Le succès a été tel que certains villages ont organisé eux-mêmes des activités sportives et sensibilisatrices.

Les défis restent nombreux : manque d'infrastructures sportives, pénurie d'entraîneurs qualifiés, et discriminations socioculturelles qui freinent la participation des femmes. Malgré ces obstacles, des progrès sont visibles, notamment à travers l'émergence d'athlètes comme Nadia Guimendengo, vice-championne d’Afrique de judo, qui représentent un espoir pour l'avenir du sport féminin en Centrafrique.

Quelles stratégies utilisez-vous pour encourager la participation des jeunes et des femmes dans les activités sportives ?

Pour stimuler la participation des jeunes et des femmes, nous menons des campagnes de communication avec l’appui du ministère de la Jeunesse et des Sports, visant à déconstruire les stéréotypes liés au sport, particulièrement en milieu rural. Nous mettons en avant les bienfaits du sport pour la santé physique et mentale, ainsi que pour l’épanouissement personnel. Les campagnes radiophoniques et l’organisation d’événements sportifs demeurent des outils clés.

Pouvez-vous nous parler des partenariats et collaborations qui soutiennent vos initiatives ?

Le CNOSCA entretient des partenariats internationaux et nationaux. Au niveau international, nous collaborons avec d’autres Comités Nationaux Olympiques et des fédérations sportives mondiales pour bénéficier de leur expertise. Sur le plan national, nous travaillons étroitement avec les fédérations sportives locales, qui sont essentielles à la détection et à la formation des athlètes, ainsi qu’à l’organisation des compétitions.

Comment le Comité intègre-t-il des aspects de santé et de bien-être dans ses programmes sportifs ?

Nous considérons la santé mentale des athlètes comme un élément central. Pour les soutenir, la Commission des Athlètes du CNOSCA organise régulièrement des séminaires favorisant les échanges et le soutien entre pairs. Nous proposons également des activités de méditation, de yoga, et une sensibilisation à l’importance de l’alimentation. Nous luttons également activement contre le dopage, en collaboration avec l’Agence Mondiale Antidopage.

Quels sont vos objectifs à long terme pour le développement du sport et du bien-être en Centrafrique ?

Notre objectif principal est de démocratiser l’accès au sport en Centrafrique, en faisant du sport un outil d’éducation et de promotion des valeurs olympiques. Nous voulons améliorer les performances sportives de nos athlètes pour qu'ils brillent sur la scène internationale. Pour ce faire, il est crucial de renforcer nos partenariats avec les pouvoirs publics, les fédérations sportives, le secteur privé, et la société civile. Ensemble, nous pouvons mobiliser les ressources nécessaires pour atteindre ces objectifs et faire du CNOSCA un véritable catalyseur de changement pour le sport en Centrafrique.

Pamela Annick N'Guessan

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COMMENTAIRES

Clément YAO
Très bel article. Tous mes encouragements
31 Juillet 2024 à 17:50