Les jeunes Ivoiriens se mobilisent et s'organisent pour tenter de faire entendre leurs voix avant l'échéance présidentielle d'octobre prochain. Et pour peser dans les grandes décisions prises en Côte d’Ivoire.

Par Herika Ouraga

La nouvelle est officielle depuis le 18 juillet 2020 à Malakoff : la Jeunesse Audacieuse (JA) est désormais un mouvement politique reconnu à l’international. Selon ses membres fondateurs, la création d’une telle organisation n’est pas fortuite.

Plusieurs raisons expliquent en effet son lancement : on reproche à la jeunesse ivoirienne d’avoir constamment les yeux rivés sur la réussite sociale de l’extérieur, au détriment des opportunités locales. « Le problème de la jeunesse ivoirienne c’est qu’elle a tendance à copier sur le modèle extérieur. Les jeunes sont poussés à braver la mort pour l’Europe. Du coup, des questions se posent : pourquoi la Côte d’Ivoire, qui portait l’espoir d’une société pleine de promesses, voit sa jeunesse se perdre ? Il y a eu des ratés quelque part et il est grand temps que nous, jeunes, prenions notre destin en mains… », a lancé d’entrée de jeu Richard Affi, délégué Europe de la Jeunesse Audacieuse.

Bien qu’étant tournée vers l’Occident, cette jeunesse semble également ne plus peser dans le débat politique en Côte d’Ivoire. Ecartée souvent des centres de discussions, elle se retrouve même dépourvue de ses droits privilégiés, notamment l’accès à l’éducation, aux soins et éprouve des difficultés à trouver un emploi. Conséquence, ces jeunes sont livrés à eux-mêmes et peinent à émerger dans une société ivoirienne où les échanges se font, visiblement, avec les mêmes acteurs.

« Il y a beaucoup de choses qui ont conduit notre jeunesse à se poser des questions. Aujourd’hui en Côte d’Ivoire, la jeunesse constitue les deux tiers de la population ivoirienne. Au sein de la population, sur trois personnes, deux sont des jeunes. Cela veut dire que la jeunesse est majoritaire. Mais malgré cette majorité, elle constitue un problème… Les jeunes ont leur mot à dire et il faut qu’ils soient écoutés… », a souligné Youssouf Soumahoro, membre fondateur et président de la Jeunesse Audacieuse à l’international.

Autre fait marquant de cette cérémonie de lancement, la présence très précieuse de Juan Federer (Ancien diplomate et docteur en Relations internationales), Patrick Jouan (Fédération pour la Paix universelle), Alpha Barry (Docteur en Economie et ancien chef de service de Jeune Afrique) et Jean-Paul Oro, président de l’Union des journalistes ivoiriens de France, UJIF.

A tour de rôle, ils ont encouragé l’« audace » de la création de la JA en invitant les membres à concrétiser leurs différentes suggestions. « Jeunesse Audacieuse : c’est bien dit et bien pensé ! C’est ce qui manque véritablement à notre jeunesse, l’audace… Ne vous limitez pas seulement à être une force de propositions… Soyez surtout une force d’actions… », a déclaré le président de l’UJIF, Jean-Paul Oro.

Jeunesse Audacieuse est organisée en sections et en délégations. On trouve des sections dans plusieurs pays d’Europe, notamment en France, en Italie ou encore en Espagne… Mais il y a aussi des représentations aux Etats-Unis et au Canada. Chaque continent est une délégation.

Le siège International du mouvement politique, dont l’installation a eu lieu le 30 avril 2020 à Abidjan, est la Côte d’Ivoire. Yasmina N’dri préside la section ivoirienne et est également la présidente mondiale. Président de la délégation internationale, Youssouf Soumahoro gère tous les continents. Quant à Richard Affi, le délégué Europe, il s’occupe de l’installation de toutes les sections basées sur le continent européen.  Les installations se font donc progressivement et les actions concernant le programme d’activités sont en cours de planification…

En réalité, l’objectif pour les membres est d’installer le maximum de sections avant d’attaquer les meetings géants pour peser dans le scrutin présidentiel d’octobre 2020 en Côte d’Ivoire. 

Pour l’heure, le président Youssouf Soumahoro souhaite parcourir le monde entier pour faire entendre la voix de la jeunesse ivoirienne et faire de la JA une référence mondiale. « Je veux arriver à faire en sorte que la jeunesse soit instruite et qu’elle sache la valeur qu’elle a et la puissance qu’elle pourrait avoir. La jeunesse est une puissance… Il faut qu’on joue notre rôle et qu’on arrête la politique du salon… », a-t-il conclu.