Côte d'Ivoire : Macron soutient Ouattara le « violeur » de la Constitution
Avec Emmanuel Macron on voit apparaître l'émergence d'une nouvelle race de dictateurs en Afrique.
Même en période de « Covid », les masques tombent. Dans une interview à « Jeune Afrique », Emmanuel Macron choisit son camp en avalisant le 3ème mandat d'Alassane Ouattara, qui vient pourtant de violer la Constitution de son propre pays ! Une prise de position gravissime qui fait perdre à la France tout crédit en Afrique.
Par Bruno Fanucchi
Emmanuel Macron a donc choisi sans camp : après avoir tergiversé de longues semaines puis fait le dos rond pendant encore plusieurs jours, car l'Afrique en réalité ne l'intéresse guère, le président français a donc envoyé une surprenante Lettre de félicitations à son holomogue ivoirien Alassane Ouattara pour saluer sa réélection comme si de rien n'était. Une Lettre si surpenante que le monde entier a cru que c'était un « faux » pendant plus de 24 heures !
Puis le Président français s'est longuement confié vendredi au magazine « Jeune Afrique », que ce même Président ivoirien soutient généreusement depuis longtemps, pour en dire enfin un peu plus et se démasquer totalement. Avec des arguments « politiquement correct » de Communication qui ne tiennent pas la route cinq minutes... Cela a, au moins, le mérite de la franchise.
Mais les Ivoiriens, qui ont vu de leurs yeux l'inanité du scrutin du 31 octobre et le peu de crédibilité des résultats officiels annoncés par le Conseil constitutionnel (Un Président sortant réélu avec 94,27 % des voix et 53,90 % de participation) et font face à une répression sanglante depuis la mi-août, ont de quoi être dépités, comme tous les amis de la Côte d'Ivoire, même s'ils ne se faisaient plus aucune illusion sur Macron.
Macron nous fait même de curieuses confidences un peu naïves comme celle-ci : « Je peux vous dire, de manière sincère, qu'il ne voulait pas se représenter pour un troisième mandat (…) Je pense vraiment qu'Alassane Ouattara s'est présenté par devoir. Dans l'absolu, j'aurai préféré qu'il y ait une autre solution, mais il n'y en avait pas.»
Voilà un terrible aveu dans la bouche du Président français et cet aveu est double : Macron avoue à la fois son impuissance à « faire bouger les lignes » et à raisonner en temps utile son homologue ivoirien quand il l'a reçu à déjeuner à l'Elysée le 4 septembre dernier, mais il avoue également en creux qu'il lui a fait totalement crédit en avalisant purement simplement sa version des faits.
Qu'importe la Constitution ivoirienne lui interdisant de briguer un troisième mandat, la question est à peine évoquée et repoussée d'un revers de manche. La Constitution, on peut s'assoir dessus !
C'est pourtant le nœud de la crise politique et ce qui a mis le feu aux poudres en Côte d'Ivoire. On le pressentait depuis plusieurs jours, quand on avait vu ce pauvre Jean-Yves Le Drian en bafouiller devant la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale, en souligant fort maladroitement que s'immiscer dans le débat constitutionnel en cours en Côte d'Ivoire serait de « l'ingérence ».
La France de Macron préférait fermer les yeux et regarder ailleurs, pour tenter de sauver ses intérêts économiques et financiers sur les bords de la Lagune Ebrié. Mais c'est un bien mauvais calcul qui va bientôt se retourner contre elle. L'opposition a déjà lancé une campagne active de « boycott » des produits français... puisque Macron a fermé les yeux devant la forfaiture de Ouattara et les exactions de son régime, interdisant par la force toute manifestation pacifique d'opposition.
Macron a donc choisi son camp en soutenant ouvertement depuis le début (quoi qu'il prétende aujourd'hui) Ouattara le « violeur » de la Constitution et en lui donnant, de manière subliminale, le « feu vert » pour se représenter « contre son propre gré », selon l'étonnante formule consacrée. Ouattara, l'ancien dirigeant du FMI, l'a parfaitement compris et n'a pas hésité à aller jusqu'au bout, à truquer les élections pour gagner en « un seul tour KO » puisque la France ne bougerait pas et que son Président ne dirait rien. En soutenant le « violeur » de la Constitution, quel exemple pitoyable donne ainsi la France de Macron et Le Drian à toute l'Afrique, où elle est en passe de perdre définitivement tout crédit !
« Je continuerai à m'opposer au viol
de la Constitution de mon pays »
Macron a chosi son camp. Et il a choisi l'Année de Gaulle et les commémorations de ce mois de novembre pour faire expulser Guillaume Soro, ou du moins lui faire bien comprendre qu'il n'avait plus rien à faire en France !
Il le dit clairement sans détour dans son interview à « Jeune Afrique ». Interrogé sur Guillaume Soro qui, « après l'annonce de la réélection de Ouattara, a appelé depuis la France, les forces armées ivoiriennes à le renverser... », le président Macron répond tout de go : « Je crois qu'il n'est plus en France pour en parler. Il n'a pas à créer le désordre et sa présence n'est pas souhaitée, sur notre territoire, tant qu'il se comportera de cette manière. »
Interrogé pour savoir s'il a demandé à l'ancien Président de l'Assemblée nationale ivoirienne de quitter la France, où il réside de facto depuis plus d'un an pusique Ouattara lui a interdit de faire campagne dans son propre pays, Macron enfonce le clou, en se défaussant comme d'habitude : « Pas moi directement, mais nous ne souhaitons pas qu'il mène des actions de déstabilisation depuis le sol français. ». Avant d'ajouter comme pour se donner bonne conscience à pas cher : « Autant nous pouvons accueillir des combattants de la liberté de toute personne qui serait menacée chez elle, autant nous n'avons pas vocation à protéger des activistes qui cherchent à destabiliser un pays. »
Imagine-t-on un seul instant Winston Churchill signifier par voie de presse au général de Gaulle qu'il se doit de quitter Londres au plus vite au lendemain de l'Appel du 18 juin lancé à la BBC ?
C'est pourtant le mauvais « remake » qui se joue sous nos yeux...
Quelle inconscience coupable et analyse à très courte vue ! Soro, dont on n'est sans aucune nouvelle de ses deux frères arrêtés et arbitraitement pris en otages et jetés en prison depuis le 24 décembre dernier, est aujourd'hui passé par « pertes et profits » pour que certains groupes français puissent continuer à faire leurs affaires juteuses en Côte d'Ivoire... Mais cela n'aura qu'un temps.
Se refusant à commenter les propos du Président Macron, l'ancien Che de la rébellion ivoirienne (sans lequel Ouattara ne serait jamais arrivé au pouvoir en avril 2011) s'est contenté de rappeler - dans une première réaction à chaud – que « l'Europe demeure un espace de liberté variable ». Avant d'assurer : « Je continuerai à m'opposer au viol de la Constitution de mon pays de toutes mes forces (…) Personne ne m'obligera à admettre que Ouattara est dans son droit de violer la Constutition. »
Même s'il en a – visiblement – reçu l'aval de Macron... On le devine aujourd'hui.
Macron n'a donc toujours rien compris à ce qui se passe réellement en Côte d'Ivoire, comme dans le reste de l'Afrique. Même s'il invite, bien sûr, son ami Ouattara – auquel il vient d'offrir la tête de Soro sur un plateau - à faire des gestes. « Il est maintenant de sa responsabilité d'oeuvrer pour la réconciliation » qu'il n'a pourtant pas réussi à faire depuis 10 ans, et de « faire des gestes, d'ici au élections légisatives, pour pacifier le pays. »
Ce sont des vœux pieux qui ne mangent pas de pain et il y a fort à parier que les belles promesses que pourra faire Ouattara ces jours-ci à l'ex-Président Henri Konan Bédié, président du Conseil National de Transition, resteront des paroles sans lendemain, au soir de son investiture le 14 décembre prochain. Ouattara joue la montre en attendant cette échéance capitale et engrange les messages de félicitations d'un certain nombre de ses pairs africains qui, emboitant le pas de Macron, ferment les yeux sur la chape de plomb qui s'abat sur la Côte d'Ivoire.
Puis il reprendra la répression à tout va pour remettre le pays au pas. Dans cette normalisation à la soviétique, il a désormais un allié de (petite) taille qui ne cache plus son soutien incondtionnel au mépris évident des interêts de la France : Macron, tombés de plus en plus sous l'inflence de lobbies puissants que sont la franc-maçonerie et la finance internationale. Faut-il rappeler ici à tous que l'actuel Premier ministre ivoirien, Hamed Bakayoko, est aussi le Grand Maître de la principale loge maçonnique de Côte d'Ivoire et ne s'en cache pas ?
Il ne faudra pas s'étonner demain que le ressentiment anti-français du peuple ivoirien se transforme en une sainte colère contre la France, réputée autrefois « Pays des Droits de l'Homme », mais qui se fait désormais complice du viol de la Constitution et de cet inquiétant recul démocratique qui a déjà fait une centaine de morts en Côte d'Ivoire !
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