Du mépris à l’émancipation
Lorsque Donald Trump a tenu des propos méprisants et répugnants contre l’Afrique que nous nous garderons de répéter, les réactions d’indignation de ses dirigeants ont fusé de partout. Force est de reconnaitre que c’est une attitude symptomatique que nous observons chez les dirigeants des pays occidentaux qui se croient tout permis. Un écart de langage malveillant qui nous rappelle celui que Nicolas Sarkozy avait prononcé le 26 juillet 2007 à Dakar au Sénégal. En effet, l’ancien président français qui se croyait en territoire conquis sur la terre des « Tirailleurs sénégalais » avait dé- claré à l’université Cheick Anta Diop devant un parterre d’étudiants, d’intellectuels et de politiques que « Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’Histoire ». Cette boutade, s’il faut la qualifier ainsi, avait enflé la colère de plus d’un. Ces médisances, comme nous avons l’habitude d’en entendre ou de lire, ne seront malheureusement pas les dernières. Depuis bien des siècles, le continent noir est l’objet de toutes les infamies immondes sans qu’il n’y ait vraiment une réaction intelligente pour que cela s’estompe. Alors, devant autant de mépris, les Africains vont-ils continuer à demeurer dans la position éternelle de consternés et d’indignés sans vraiment rien faire ? Que faire devant ce racisme exacerbé qui dure depuis bien des générations ? Nous pensons que la réponse intelligente à donner devant de tels propos désobligeants récurrents n’est pas celle qui consisterait à organiser des rassemblements de masse de protestation ou encore des colloques pour pondre des rapports qui resteront lettre morte dans les tiroirs des institutions et des dirigeants du continent. Faut-il rappeler que plusieurs peuples de la terre avaient par le passé subi, eux aussi, des brimades comme les Africains aujourd’hui. A la différence que ces peuples, à force d’être méprisés et considérés comme des moins que rien, avaient fini par se réveiller pour s’imposer par leur travail et leur intelligence en prenant leur destin en main. Ce fut le cas de la Chine qui, dans la seconde moitié du 20ème siècle, était encore sous la domination japonaise et à la merci des pays occidentaux avec les Etats-Unis en tête. Certains écrivains comme l’académicien Alain Peyrefitte qui avait vu le pays le plus peuplé au monde se mettre au travail, avait écrit déjà en 1973, à l’époque de la guerre froide, un livre prémonitoire qu’il avait intitulé : « Quand la Chine s'éveillera… le monde tremblera ». Après la seconde guerre mondiale, l'empire du Milieu s'est, en effet, progressivement affirmé sur la scène internationale. Son choix du communisme, très mal perçu par les Occidentaux, ne l’a pas empêché de s’ouvrir à l'économie de marché. Eh bien ! Moins d’un demi-siècle après, la pré- diction du diplomate français qui fut successivement ministre du général de Gaulle, de Georges Pompidou et de Valéry Giscard d'Estaing, se réalisa au grand dam des oppresseurs d’hier. La Chine est devenue un acteur essentiel et incontournable. Membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU et la première puissance économique du monde devant les Etats-Unis d’Amérique, le pays de Mao Tsé-Toung, père de la révolution chinoise, force aujourd’hui respect, considération et admiration. L’Inde de Gandhi est aussi un cas d’école pour les Africains tout comme le Pakistan ou encore l’Iran. Que dire de la Corée du Nord présentée, bon an mal an, comme un Etat voyou et l’anti-occidental par excellence ? Elle pourrait être un modèle d’émancipation pour les Etats africains à condition de tirer le meilleur de ces pays qui ont changé l’équilibre du monde. Il est vrai que quand l’Afrique s'éveillera, le monde ne tremblera pas seulement mais il accordera la place qui est la sienne pour paraphraser Alain Peyrefitte.