Vivre ensemble malgré le passé

Vivre ensemble malgré le passé

Une étincelle. Voilà ce qu’il aura suffi pour embraser les capitales des quatre coins du monde.  Une étincelle dramatique. La mort d’un homme. Un homme de couleur, comme on dit.  Mais qu’est-ce que cela veut dire ? Est-il sous-entendu que la couleur « standard » est le blanc ? Et puis c’est quoi une couleur standard ? En matière de répartition mondiale, la couleur de peau de l’homme occidental n’arrive qu’en troisième position après le « jaune » et le « noir ».  Qu’y a-t-il donc de si menaçant chez un homme affichant une pigmentation différente du blanc ?

Une histoire troublante et génératrice de troubles

L’histoire nous l’a montré à de nombreuses reprises. L’homme « blanc » a su profiter des ressources qui étaient à sa disposition pour s’ériger en colonisateur du reste de la planète.  Les autres civilisations ont évolué à un autre rythme.  Avec d’autres prérogatives.  Ces cultures ont rapidement été dénigrées dès lors qu’elles étaient occultées par la prolifération de richesses naturelles qui flattaient l’homme blanc et lui apportait richesse et prospérité.  C’est dans ces racines que la ségrégation, le racisme, le nationalisme et l’identité « blanche » s’est construite.

De l’esclavagisme sauvage à l’esclavagisme de velours

Cette arrogance de l’homme blanc s’est cristallisée autour de l’esclavagisme. Les populations autochtones étaient gênantes et des obstacles à la récolte des richesses naturelles. Mais finalement, plutôt que de les éliminer, pourquoi ne pas les utiliser et les assigner aux durs labeurs.

Mais si l’esclavagisme s’affichait sans vergogne dans les places publiques ou l’on pouvait acheter du nègre, la fin de cette pratique a-t-elle vraiment eu l’effet escompté ? De tous temps l’homme a exploité la faiblesse, la différence au profit de l’enrichissement personnel. Les discriminations ont subsisté et les populations allochtones ont été rassemblées dans des ghettos, pratique culminant avec l’apartheid en Afrique du Sud. 

Liberté, Égalité, Fraternité ?

Une expression américaine porte tous son sens face au questionnement de notre capacité à tolérer l’autre : « walk the talk ». On pourrait la traduite par « pratique ce que tu prêches ».  Or, si la devise de la France est : « Liberté, Égalité, Fraternité », la population française est-elle à la hauteur de ce précepte ? Pourquoi la population présente dans les cités, les banlieues, est-elle majoritairement d’origine étrangère ? S’il ne s’agissait que d’un impact économique, beaucoup plus de Français partageraient aujourd’hui les couloirs de ces immeubles-clapiers. Non, ces banlieues sont la preuve concrète de l’incapacité de l’État à mettre en œuvre cette devise. Désormais, les « colonies » sont à nos portes.  On refoule les indigents loin des beaux quartiers et des centres-villes comme on chasse la poussière à coups de balai sous un tapis.

De quoi serons-nous fiers demain ?

Or les événements récents nous l’ont montré. La France et l’humanité de manière générale a besoin d’une autre dynamique, d’une société différente. Une société basée sur d’autres principes, sur ce que l’humain a de meilleur : la bienveillance, la générosité, l’amour de l’autre.  Quand un étranger peine à s’exprimer en Français ou à lire un courrier officiel, ce n’est pas d’être ramené à la frontière dont il a besoin. C’est d’apprendre. Qu’on lui enseigne ce qui lui permettra de s’élever dans la société et de représenter une plus grande valeur ajoutée, à ses yeux d’abord, mais également aux yeux de ceux qui ne voient que sa différence.  Car c’est là que réside le crime commis par ceux qui ont ôté la vie à George Floyd : c’est leur propre dignité qu’ils étouffent ainsi.

Par Thierry Rayer, Président du Cercle d’études Scientifiques Rayer