Tèi Konzi, commissaire de la CEDEAO : « Le Sommet de Lomé va démontrer l'attractivité de notre organisation »

Tèi Konzi, commissaire de la CEDEAO : « Le Sommet de Lomé va démontrer l'attractivité de notre organisation »

Devant le premier Forum Economique Africain de Tunis, le Togolais Tèi Konzi, commissaire de la CEDEAO chargé du Commerce, des Douanes et de la Libre circulation, souligne l'attractivité de l'organisation sous-régionale que vont rejoindre le Maroc, la Mauritanie puis la Tunisie, en qualité de « membre observateur », lors de son prochain Sommet prévu fin juin à Lomé, au Togo.

De notre envoyé spécial à Tunis, Bruno Fanucchi (Africapresse.Paris)

« Il nous faut créer un environnement propice à la croissance qui constitue la seule réponse pour que nos enfants restent chez nous » et évitent ainsi les mirages de la fuite au nord de la Méditerranée, où ils croient trop facilement trouver une vie meilleure. Le langage de Tèi Konzi est direct mais bien vu car l'Europe et particulièrement les pays du sud de l'Europe comme la France, l'Espagne ou l'Italie sont aujourd'hui confrontés à une vague d'immigration qui ne peut qu'aller qu'en s'aggravant. Si, du moins, des mesures économiques significatives ne sont pas rapidement prises dans les pays d'origine pour tenter de fixer chez eux tous les candidats à l'aventure. Un discours qui a le mérite de la franchise et fixe parfaitement le cap.

Créée le 28 mai 1975 pour combattre la pauvreté, promouvoir l'intégration économique africaine et donner naissance un jour à un « marché commun », la Communauté Economique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), que préside actuellement le président togolais Faure Gnassinbgé, en a bien pris conscience et tente de prendre des initiatives pour freiner ce flux à sens unique. Et accélérer, en revanche, l'intégration africaine pouvant donner un peu d'espoir aux jeunes qui manquent souvent d'opportunités dans leur propre pays. C'est en quelque sorte une course contre la montre.

« Notre objectif est de créer

le citoyen de la CEDEAO »

Il paraît donc urgent pour les Africains d'unir leurs forces et de s'organiser davantage, en faisant par exemple mieux fonctionner les institutions déjà existantes. S'il fallait donner une seule preuve de l'attractivité qu'exerce désormais la CEDEAO, on la trouverait dans la volonté de la Tunisie de rejoindre au plus vite l'organisation en qualité de « membre observateur » même si elle ne fait pas partie à proprement parler de l'Afrique de l'Ouest géographiquement. Et cela se fera en principe lors du prochain Sommet de la CEDEAO qui se tiendra fin juin à Lomé sous la présidence du numéro un togolais Faure Gnassingbé.

Au cours de ce même sommet, il est vrai, le Maroc - éternel rival de la petite Tunisie - devrait voir sa candidature approuvée alors que la Mauritanie réintégrera l'organisation qu'elle avait quittée en 2000 pour se consacrer à l'Union du Maghreb Arabe. « Pour la CEDEAO, ce sera donc un sommet important : le Sommet de Lomé va démontrer l'attractivité de l'organisation », observe le Togolais Tèi Konzi, nouveau commissaire de la CEDEAO nommé le 22 février dernier et chargé du Commerce, des Douanes et de la Libre circulation.

Quels sont donc les avantages économiques que procure la CEDEAO à ses Etats membres comme à leurs citoyens ? Il peuvent voyager sans visa dans les quinze (et bientôt dix-sept) pays de l'organisation et cela est bien sûr appréciable pour tous les ressortissants de ces pays. « Cette libre circulation des personnes, des biens et des services fonctionne très bien », souligne le commissaire togolais qui, dans la foulée, passe en revue les différents dossiers en cours de la Communauté, dont l'objectif est de créer à terme le « citoyen de la CEDEAO » et de lui simplifier la vie quotidienne.

« Ces efforts d'intégration préfigurent

le marché commun que nous préparons »

Dans ce schéma de libéralisation des échanges commerciaux, une circulation sans entrave (c'est-à-dire sans droits de douane) a été déjà prévue pour les produits agricoles, les produits industriels fabriqués localement et toutes les marchandises circulant dans la sous-région. «  Depuis le 1er janvier 2015, ajoute-t-il à titre d'exemple, un tarif commun de taxation de 35 % a été mis en place pour protéger les productions communautaires, notre commerce et les investissements pour la période 2015 - 2020 ». Un Code des douanes de la CEDEAO a ainsi été conçu pour arriver à une meilleure harmonisation des procèdures douanières avec les autres pays africains et assurer une plus grande sécurité juridique pour les investissements réalisés dans cette zone économique.

Et quelles sont les prochaines grandes avancées prévues ? « Il y a notamment le projet d'une carte d'identité biométrique de la CEDEAO et son adoption facilitera encore un peu plus demain la libre circulation de nos concitoyens » se déplaçant déjà sans visa d'un pays à l'autre. « Autant d'efforts d'intégration qui préfigurent le marché commun que la CEDEAO prépare activement », conclut-il, mais dont personne cependant ne connaît encore l'échéance exacte puisque cela se fait pas à pas. Car, pour être efficace et aller jusqu'au bout, il ne faut jamais griller les étapes. Le célèbre proverbe africain ne dit-il pas : « Seul, on va plus vite, mais ensemble on va plus loin » ?

www.africapresse.paris

Bruno Fanucchi

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