Une instruction ouverte à Paris contre des proches de Ouattara
La Côte d'Ivoire s'embrase à quelques heures du premier tour du scrutin présidentiel du 31 octobre.
La justice française vient de se saisir d’une plainte avec constitution de partie civile, déposée dès le 14 avril 2020 par les conseils de Guillaume Soro, contre certains proches du Président Alassane Ouattara pour « actes de barbarie, tortures et crimes contre l’humanité » !
Par Clément Yao
A quelques heures du premier tour de l’élection présidentielle de ce samedi 31 octobre, le président Alassane Ouattara a peut-être du souci à se faire : une ordonnance du Doyen des juges d’instruction du Tribunal correctionnel de Paris, David De Pas, rendue le 15 octobre dernier, pourrait en effet inquiéter le président ivoirien, qui brigue un 3ème mandat jugé « anticonstitutionnel » par ses opposants, et plusieurs membres de son gouvernement.
A la suite d’une plainte déposée par l’ancien président de l’Assemblée nationale ivoirienne et actuel président de Générations et Peuples Solidaires (GPS), Guillaume Soro, et dix-huit de ses proches (dont son frère Soro Simon, le député Alain Lobognon et Kanigi Soro qui vient de faire défection en ralliant le RHPD, pour ne citer que ces trois là), une instruction judiciaire a en effet été ouverte par la justice française sur plusieurs affaires de « violations des droits de l’homme » en Côte d'Ivoire.
Selon une source proche du dossier, les chefs d’accusations concernent des « tortures et actes de barbarie ainsi que des disparitions forcées » et ces plaintes ont été lancées à l’encontre de proches du Président Alassane Ouattara qui seraient impliqués dans ces crimes. Ces plaintes visent notamment le patron de la Gendarmerie, le directeur de la DST ainsi que le responsable de l’Administration pénitentiaire.
Le général Alexandre Apalo Toure, Commandant supérieur de la Gendarmerie, M. Inza Fofana, responsable de l’unité de lutte contre le grand banditisme, M. Lanciné Sanogo, directeur de la DST, et Aboubacar Coulibaly, directeur de l’Administration pénitentiaire, sont en effet nommément cités dans le document du magistrat instructeur.
La responsabilité de certains ministres
pourrait même être engagée
Cette même source fait observer que « la compétence universelle pour les crimes précités, les dispositions de la Convention de New York contre la torture, la nationalité française de Mme Amira Lobognon, épouse de l'ancien ministre emprisonné, ainsi que l’inscription au Barreau de Paris de Maître Affoussiata Bamba-Lamine, dont le domicile a été perquisitionné en violation du Code pénal ivoirien et du Règlement intérieur du Barreau de Paris, sont des éléments qui ont permis de soutenir la compétence des juges français. »
Cette plainte avec constitution de partie civile – déposée le 14 avril dernier par Guillaume Soro et dix-huit autres personnes de son entourage – a également été lancée contre X. Selon des sources judiciaires, l’instruction judiciaire de cette affaire n’exclut pas que la responsabilité de certains ministres, voire du président Ouattara lui-même, puisse être engagée à l’issue de la procédure, après la fin de son immunité présidentielle.
Vu que son deuxième quinquennat arrive à son terme au soir du 31 octobre et que sa réélection pour un 3ème mandat n’est pas encore assurée ou pourrait être largement contestée au regard du droit, le président Ouattara, pourrait avoir bientôt des soucis à se faire devant la justice française.
Contactés par notre rédaction, les avocats de Guillaume Soro, Me Affoussy Bamba, Robin Binsard et Charles Consigny, n’ont pas souhaité réagir dans l'immédiat. Mais ces affaires judiciaires ivoiriennes ne resteront assurèment pas sans conséquences politiques.
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