2ème Forum international des Femmes Entreprenantes et Dynamiques à Abidjan Mme Christine Jouan-Bruneau : « Les TIC sont un facteur d'autonomisation des femmes »

2ème Forum international des Femmes Entreprenantes et Dynamiques à Abidjan Mme Christine Jouan-Bruneau : « Les TIC sont un facteur d'autonomisation des femmes »

Présidente de l'Association « Femmes de Demain » et maire adjointe de Boulogne-Billancourt (France), Mme Christine Jouan-Bruneau participe au 2ème Forum international des Femmes Entreprenantes et Dynamiques (FIED) lancé par Mme Djelika Yéo.

Propos recueillis par Clément Yao

Le thème de l'édition 2019 du FIED, qui vient de s'ouvrir à Abidjan, porte sur les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC). A quelles grandes questions doit répondre une telle rencontre ?

Mme Christine Jouan-Bruneau :

Une telle rencontre doit permettre d’aborder les causes du dé?cit d’accès au numérique pour les femmes et proposer des solutions pratiques à cette « fracture numérique », doit sensibiliser les acteurs institutionnels et privés à cette problématique.

Plusieurs études montrent que les femmes sont discriminées par rapport aux hommes dans l’accès aux TIC, et l’Afrique est le continent où la question du genre se pose avec le plus acuité. Comment corriger cette fracture numérique face aux obstacles culturels et au manque de moyens logistiques ? 

L’éducation au numérique depuis l’enfance est une solution évidente : en ce sens,  l’expérience menée en Côte d’Ivoire par le projet BABYLAB est exemplaire. Initier les petites ?lles et jeunes ?lles à l’informatique permet de démysti?er l’aspect masculin du monde des sciences et technologies. Faire comprendre qu’il n'existe aucune raison objective s'opposant à la compétence des ?lles pour des métiers du numérique est essentiel. Par le smartphone et des apports innovants d’électricité par le solaire, de plus en plus de zones non connectées le seront progressivement. En Afrique, l’éducation passe aussi beaucoup par le téléphone et des modules ciblés ont été élaborés en ce sens. La caravane du numérique, initiée par la Fondation ivoirienne du numérique pour la jeunesse, a dispensé des cours dans de nombreuses villes avec un succès exemplaire.

Beaucoup d’experts affirment que les TIC sont un facteur d'autonomisation des femmes et des jeunes en Afrique subsaharienne. Partagez-vous cet avis ?

Oui, les TIC sont un facteur d’autonomisation, car l’économie, le monde de demain sera numérique. Maîtriser les TIC est indispensable pour exister pleinement  dans l’univers contemporain. De nombreux métiers ont évolué et de nouveaux métiers se créent grâce aux TIC. Les femmes n’auront leur vraie place dans le monde demain que si elles s'approprient le numérique qui sera plus que jamais un outil indispensable. Par ailleurs source d’innovation, le numérique permet aux femmes de renforcer leur potentiel de création scienti?que et entrepreunarial, et d’améliorer considérablement leurs outils de gestion et de management, de commerce….

"Former au numérique est une manière

de promouvoir le leadership des femmes"

« Femmes de Demain », votre association qui est partenaire de ce Forum, est très impliquée sur le terrain. Quel message comptez-vous partager à l’occasion de ce Forum d'Abidjan ?

Femmes de Demain est très impliquée dans l’accès au numérique pour les ?lles et les femmes. Nous avons en effet construit un concept de WOMENY/LAB PROJECT qui a reçu le partenariat de la Direction des Sciences de l’Unesco. Le premier pilote doit être installé à Agboville en partenariat avec la région : éduquer et former aux métiers du numérique dans un lieu tiers est une manière de promouvoir le leadership des femmes et de préparer la société de demain.

Les initiatives comme celle du FIED se multiplient à l’échelle du Continent. Pensez-vous que cet éveil de la gente féminine au digital et au  numérique peut vraiment faire bouger les lignes ?

Plus la sensibilisation au potentiel des femmes se fait, plus la société globalement pourra briser le « plafond de verre » qui discrimine les femmes. Solidi?er et étendre le réseau des associations de femmes entrepreuneures et scienti?ques passe par des forums bien construits qui tissent une toile solide et utile d’entraide et de mentorat pour les jeunes.

De quelle façon l’Europe et l’Afrique peuvent-elles travailler ensemble sur les grandes problématiques qui touchent les femmes ?  

Les échanges intellectuels et les relations de coopération décentralisée entre l’Europe et l’Afrique sont nécessaires pour favoriser les développements économiques et stratégiques des deux continents. Des partenariats ciblés doivent se mettre en oeuvre autour de projets structurants et sérieusement pilotés. Sachant que la politique de toutes les grandes agences internationales est basée sur le soutien stratégique à l’accompagnement des femmes, il faut établir de bonnes gouvernances institutionnelles avec la société civile pour favoriser la pérennisation de projets utiles à l’évolution positive de nos continents. Stabiliiser les populations en Afrique signi?e l’obligation d'y créer des emplois par un soutien intelligent aux lieux de formation et d'éducation.

Apprenons aux filles à coder et démocratisons le digital pour donner au monde un visage d’innovation, de confiance dans le monde de demain.

Clément Yao

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