Gabon : Échec de la tentative de coup d'Etat

Gabon : Échec de la tentative de coup d'Etat

Un groupe de militaires s'était emparé, très tôt, ce lundi matin du siège de la Radio nationale et avait lu sur les ondes un communiqué annonçant la création d’un « Conseil national de la restauration ». Un scénario qui s’apparentait à un coup d’Etat. Quelques heures plus tard, les autorités ont annoncé avoir arrêté les auteurs du putsch.

Par Clément Yao

Les choses bougent au Gabon. Tôt ce lundi matin 7 janvier, les ondes de la radio d’Etat ont tout d’abord été interrompues – selon plusieurs témoins – avant de reprendre du service avec la lecture du communiqué d'un groupe de jeunes militaires baptisé « Mouvement patriotique des jeunes des forces de défense et de sécurité du Gabon ». Ce message a été lu sur un ton martial par le lieutenant Kelly Ondo Obiang, se présentant comme le Président de ce mouvement jusqu'à présent inconnu et le Commandant-adjoint de la Garde républicaine.

Ce message s’articule essentiellement autour de deux points. Les « putschistes » disent être déçus par le message traditionnel du Nouvel An lu par le président Ali Bongo le 31 décembre dernier depuis le Maroc, où il est en convalescence, après avoir été victime d’un accident vasculaire cérébral survenu le 24 octobre 2018 à Riyad, en Arabie Saoudite. De fait, loin de rassurer sur son état de santé et sa capacité à continuer d'assumer le pouvoir, l'intervention pathétique du chef de l'Etat (enregistrée au Maroc) n'avait duré que 2'30 au lieu des quinze minutes traditionnelles et a eu visiblement l'effet inverse de celui recherché. Si le président gabonais est bien vivant et promet de rentrer prochainement au pays, est-il seulement « en capacité » d'assumer encore ses fonctions ? La question est désormais ouvertement posée.

« Le jour tant attendu est arrivé... »

Comme beaucoup de Gabonais, ces militaires en colère doutent en effet de la capacité du chef de l’Etat à assumer les lourdes fonctions de président de la République et dénoncent la mise en scène de son entourage pour faire croire que tout va bien. Ils mettent également en cause la haute hiérarchie militaire qui se seraient rendus complices de ce « spectacle désolant » d'un pays « qui a perdu sa dignité ». C'est pourquoi il se sont résolus à lancer l'« Opération Dignité », en invitant un certain nombre de personnalités de la société civile à les rejoindre au siège de l'Assemblée nationale.

Les « putschistes » avaient appelé également la jeunesse gabonaise à se joindre à leur action afin de mettre fin à cette situation de vacance du pouvoir. « Le jour tant attendu est arrivé où l'armée a décidé de se mettre aux côtés de son peuple afin de sauver le Gabon du chaos », avait lancé le jeune officier, leader de ce mouvement, en appelant tous ses compatriotes à « se lever comme un seul homme » et à « prendre le contrôle de la rue » pour « mettre hors d'état de nuire » les « institutions illégitimes et illégales » que connaît – selon lui – le Gabon depuis l'élection présidentielle contestée d'août 2016.

Au moment où nous bouclons cet article, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Guy-Bertrand Mapangou, a annoncé que les mutins auraient été arrêtés par les unités du GIGN gabonais. Selon toujours le dernier, « la situation est sous contrôle et l’ordre sera complètement rétabli dans deux ou trois heures. »

La situation reste cependant encore très évolutive et incertaine à Libreville.

Clément Yao

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