Gnamien Konan : « Le Conseil Constitutionnel a fait du faux de façon grossière »

Gnamien Konan : « Le Conseil Constitutionnel a fait du faux de façon grossière »

L'opossant Gnamien Konan, Président de L@ Nouvelle Côte d'Ivoire 


Président de L@ Nouvelle Côte d’Ivoire, dont la candidature a été rejetée par le Conseil constitutionnel, l'ancien ministre Gnamien Konan contre-attaque et accuse le régime Ouattara de « manœuvres » illégitimes et illégales pour conserver le pouvoir coûte que coûte.

Propos recueillis par Clément Yao     

Votre candidature été retoquée comme celles de 39 autres postulants à la magistrature suprême en Côte d'Ivoire. Dans votre cas, quels sont les motifs qui ont été retenus par le Conseil constitutionnel ?

Gnamien Konan :

Dans sa décision du 14 septembre dernier, le Conseil Constitutionnel a considéré que je n’ai eu le nombre de parrains requis par l’ordonnance du candidat Alassane Ouattara, qui tient lieu de code électoral, que dans 10 régions sur 17. Et cela uniquement pour cause de double parrainage. Ce qui est archi-faux puisque le même Conseil Constitutionnel nous avait en effet informé par courrier en date du 10 septembre que notre parrainage était conforme et suffisant, au-delà des 1% requis dans 12 régions.

Au lieu de nous contenter de fournir 209 nouveaux parrains pour remplacer les doublons, nous avons fourni 1559 nouveaux parrains complémentaires pour six régions supplémentaires au lieu de cinq. Soit au total 18 régions au lieu de 17. Je signe et je persiste, le Conseil Constitutionnel a fait du faux de façon grossière. C’est comme un tricheur qui copie le résultat du voisin !

Avez-vous saisi de nouveau le Conseil constitutionnel pour exposer vos récriminations ?

Non. C’est légalement impossible. Les décisions du Conseil Constitutionnel ne sont pas susceptibles de recours.

« Le Président Ouattara ne peut pas

être rééligible une troisième fois ! »

L’opposition juge « anticonstitutionnelle » la candidature du président Ouattara alors que son camp maintient qu’il brigue son premier mandat de la 3ème République. Comment expliquer que la Constitution de 2016 rédigée par d’éminents juristes n’ait pas pu trancher clairement cette épineuse question ? 

M. Alassane Ouattara, qui prétend être le seul bon juriste en Côte d’Ivoire, estime que la Constitution de 2016 a créé une troisième République et remis « les compteurs à zéro ». Or si cela était vrai, on aurait dû procéder automatiquement à une nouvelle élection présidentielle. C’est donc en vertu de l’article 183 de la Constitution, qui s’oppose au « big bang » institutionnel, que M. Ouattara a poursuivi son deuxième mandat qui prend fin le 31 octobre 2020. Or l’article 55 de cette même Constitution a expressément répété plus haut : « Le Président de République est élu pour un mandat de 5 ans. Il n’est rééligible qu’une seule fois. »

Constitutionnellement, c’est donc clair, bouclé, géré et terminé. Cas de force majeure ou pas, émergence à deux chiffres ou pas, le Président de la République Alassane Ouattara ne peut pas être rééligible une troisième fois ! Fin du débat.

Pourquoi cette levée de bouclier soudaine de l’opposition alors que les ambiguïtés de la Constitution avaient été dénoncées en 2016, avant même le référendum, par des opposants comme Affi Nguessan du FPI ? 

Cette constitution ne pose aucun problème. C’est son application par le Conseil constitutionnel, lui-même, qui pose problème.

« Nous demandons la dissolution

du Conseil constitutionnel et de la CEI »

Concrètement, que demandez-vous pour mettre fin à cet imbroglio juridico-politique ?

L’opposition est parfaitement dans son bon droit de demander la non-candidature de M. Alassane Ouattara, qui ne peut pas être rééligible à un 3ème mandat, et la dissolution de la Commission électorale indépendante (CEI), dont la composition est politiquement déséquilibrée, car elle a échoué en n’ayant pas pu créer un fichier électoral représentatif de la population électorale ivoirienne. Nous demandons aussi la dissolution du Conseil constitutionnel qui a fait du faux avec un code électoral illégal. Et enfin, nous demandons le retour de tous les exilés politiques, conformément à l’article 22 de notre Constitution qui interdit clairement et sans équivoque l’exil forcé.

La probable défection du candidat indépendant Kouadio Konan Bertin ne risque-t-elle pas de fissurer le Front commun de l'opposition pour faire barrage à Alassane Ouattara ?

Kouadio Konan Bertin, dit KKB, est bel et bien un candidat fabriqué par Alassane Ouattara pour l’accompagner. C'est un faire-valoir pour tenter de faire croire à une élection démocratique. L'opposition doit rester unie pour faire barrage aux manœuvres politiciennes illégitimes et illégales du Président Ouattara.

Vous occupiez en son temps un poste confortable de Directeur général de la Douane avant de rendre votre démission. Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à abandonner ce statut de haut fonctionnaire pour vous engager en politique et être plusieurs fois ministre dans les gouvernements successifs de 2011 à 2016 ? 

Aucune raison personnelle. Comme nous avons fait de la Douane ivoirienne une référence mondiale, nous voulons faire de toute l’administration ivoirienne, une référence mondiale. De l’école ivoirienne, une référence mondiale, du système de santé ivoirien, de l’économie, du transport, de la sécurité des références mondiales. Enfin de la Côte d’Ivoire, un exemple pour le monde.

Comment voyez-vous l'avenir de la Côte d'Ivoire ?

Le meilleur est encore possible, mais le temps joue contre nous. Je regrette le temps précieux que nous perdons.

Quels sont vos espoirs quant à votre avenir politique ? 

J’espère simplement que le pire est derrière nous.

Clément Yao

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