Mamadou Bamba, Directeur général d'Orange-Côte d’Ivoire

Mamadou Bamba, Directeur général d'Orange-Côte d’Ivoire

Mamadou Bamba, Directeur général Orange Côte d'Ivoire


Avec près de 13 millions d’abonnés et un chiffre d’affaires qui frôlent les 651 milliards de francs Cfa, Orange-Côte d’Ivoire se positionne comme le premier opérateur de téléphonie dans ce pays voire en Afrique subsaharienne. Son Directeur général, Mamadou Bamba, explique les raisons de ce succès.

Propos recueillis par Clément YAO

Les bons résultats réalisés par Orange-Côte d’Ivoire place le Groupe au rang de premier opérateur téléphonique dans le pays phare de la zone Uemoa. Sur quoi repose ce succès ?

Mamadou Bamba :

Ce succès repose sur les investissements que nous avons réalisés en Côte d’Ivoire. Il faut savoir que nous investissons chaque année 15 % de notre chiffre d’affaires dans les infrastructures et dans les réseaux. Nous sommes également numéro un en couverture et nous envisageons de couvrir l’ensemble du pays, ne serait-ce qu’en 2G et DATA. Aujourd’hui, nous avons la plus grande couverture DATA 3G et 4G en Côte d’Ivoire. Nous continuerons d’investir et de proposer des produits toujours innovants en recherchant des relais de croissance tels que Mobil Money, l’énergie, les contenus avec la télé, la fibre (…) Au quotidien dans notre plan stratégique, mes collaborateurs et moi, réfléchissons sur la transformation des modèles actuels vers des modèles plus rentables.

Quelle est votre part de marché en Côte d’Ivoire ?

Orange-Côte d’Ivoire dispose à ce jour de 12,7 millions de clients mobil, 98 % de taux de couverture 2G, 67 % en 3G et près de 50 % en 4G. La question qui se pose est de savoir si les utilisateurs possèdent des modèles de téléphone qui leur permettent de profiter de la 3G ou de la 4G. Il faut que le prix du téléphone baisse. Et, pour ce faire, il faut que les terminaux soient vendus à moindre coût autour des 40 dollars américains. Ce qui n’est malheureusement pas possible à ce jour. Si les fabricants baissent les prix des terminaux, nous pourrons le répercuter sur nos prix pour que les téléphones soient plus accessibles à nos populations.

Cependant, vos coûts restent relativement chers pour l’ensemble des produits que vous proposez sur le marché comparativement aux coûts pratiqués en France grâce aux abonnements illimités en téléphonie et accès à internet ?

Ce n’est pas tout à fait exact. Prenons le cas de la voix, le prix de la minute est à 20 francs Cfa et quelques fois moins. Pensez-vous qu’à ce coût très modeste, le modèle économique que nous proposons est viable pour longtemps ? Bien sûr que c’est le modèle le plus adapté. Quand on fait un simple calcul arithmétique, on se rend compte que nos coûts sont très faibles. Par contre, si nous prenons le coût de l’internet, nous sommes relativement plus chers par rapport aux coûts en France. Cela s’explique par le fait que les contenus ne sont pas en Afrique. Nous ne sommes pas dépositaires des contenus. Supposons que l’interview que vous êtes en train de réaliser est stockée sur un serveur. Techniquement, si le client veut l’écouter, ce contenu devra passer par le câble sous-marin pour arriver sur son portable. Ce câble sous-marin en question, sachez que nous le louons. Nous payons le coût du service à des intermédiaires et des constructeurs. Pour baisser les coûts DATA, il faut que les contenus soient stockés sur des serveurs en Afrique. D’où la construction de DATA Center que le Groupe Orange-Côte d’Ivoire a réalisé. Mais en règle générale, ceux qui vendent des contenus comme la musique et des films préfèrent les stocker sur des serveurs aux Etats-Unis. Vous convenez avec moi qu’étant donné que Orange-Côte d’Ivoire n’est pas propriétaire de l’infrastructure qui relie la Côte d’Ivoire aux Etats-Unis, cela a évidemment un coût.

Dans votre stratégie de développement et d’innovation, Orange Côte d’Ivoire accompagne-t-elle les initiatives des startups ivoiriennes pour la création de contenus ?     

Nous le faisons au quotidien. Nous avons le service Orange Fab, un accélérateur Business du Groupe Orange qui incube des startups, les héberge, leur donne de la connectivité, les coache et leur donne des moyens financiers pour les accompagner sur des modèles économiques qui marchent. Bien entendu, c’est notre rôle d’encourager ce genre d’initiatives pour que « l’écosystème » fonctionne. Nous comptons verser 800 millions de francs Cfa (1,2 millions d’euros) dans un fonds d’investissement pour accompagner des PME à croître.

Comment se positionne Orange dans la sous-région ? 

Orange-Côte d’Ivoire est la première source de revenus du Groupe en Afrique. Nous réalisons à peu près 550 milliards de francs Cfa (838,5 millions d’euros) de chiffres d’affaires. En termes de revenu, la rentabilité est plus faible par rapport à des pays comme le Sénégal. Il en va également des coûts qui sont plus élevés en Côte d’Ivoire qu’ailleurs dans d’autres pays de la région. S’agissant de cluster, il en existe deux. Celui du Sénégal qui comprend le Sénégal, le Mali, la Guinée et la Sierra Leone, et celui de la Côte d’Ivoire qui comprend la Côte d’Ivoire, le Burkina et le Libéria. Le cluster Sénégal représente à peu près 1,5 milliard d’euros et celui de la Côte d’Ivoire 1,1 milliard d’euros.

Vous étiez parmi les dirigeants d’entreprise invités à l’ambassade de Côte d’Ivoire à Paris à la rencontre « Africa day » organisée par la prestigieuse école HEC et le Club de ses étudiants. Etiez-vous présent en tant que chasseur de têtes ou pour toute autre chose ?

Je suis surtout venu vendre les opportunités d’affaires qui existent en Côte d’Ivoire à travers le Groupe que je représente. Il n’y avait pas meilleur auditoire que celui des étudiants de HEC pour leur expliquer qu' Orange-Côte d’Ivoire a de belles ambitions de développement et de croissance dans ce pays, et que les jeunes diplômés comme eux, pétris de qualité, acceptent de retourner au pays pour y travailler. Je suis, moi-même, passé par là. Je fais partie de ces étudiants qui ont fini leurs études en France et ont décidé de rentrer en Côte d’Ivoire. Si de grands groupes comme Orange se donnent aujourd’hui les moyens de nommer des directeurs généraux africains dans leur pays d’origine, il y a de bonnes raisons de croire qu’il y a des opportunités à saisir en Afrique.

Clément Yao

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