Touré Faman, président de la Chambre de Commerce de Côte d’Ivoire : « Notre mission est de faire revenir les investisseurs »
Photo : @Clément Yao
Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Côte d’Ivoire (CCICI), M. Touré Faman était présent le 22 juin à Paris au Forum des diasporas africaines. A la tête depuis le 23 août 2016 de cet organisme capital chargé de représenter les intérêts des entreprises commerciales, industrielles et de service, d’assurer la formation des entrepreneurs et d’apporter un appui aux entreprises, donne son avis sur cette première rencontre soutenue par l’Elysée et dédiée aux décideurs d’Afrique et de Méditerranée.
Entretien réalisé par Clément Yao
Ce Forum des diasporas a eu le mérite de réunir en une journée à Paris à la fois des membres des diasporas et des décideurs économiques et politiques venus du continent dont vous faites partie. Quels enseignements tirez-vous de cette rencontre ?
Touré Faman :
Je constate qu’il y a un véritable engouement, une volonté de part et d’autre qui a été exprimée. Il y a effectivement une envie farouche des diasporas africaines de revenir dans leurs pays d’origine pour y investir. En ce qui concerne la Côte d’Ivoire, les autorités ont créé les conditions idoines pour attirer la diaspora. Certains reviennent par attachement et amour pour leur pays et d’autres pour les affaires. D'autres enfin pour ces deux bonnes raisons. L’enseignement que je tire de cette rencontre, c’est que beaucoup se rendent compte, et ce n’est pas un vain mot, que l’Afrique est le continent d’avenir.
« Les diasporas ne doivent pas être
les dernières à venir investir en Afrique »
Les diasporas ne doivent pas être les dernières à venir investir parce que l’Afrique attire effectivement beaucoup d’investisseurs du monde entier. Elles doivent anticiper. Ce Forum m’a donné l’occasion de venir expliquer la mission de la Chambre de Commerce et d’Industrie que je préside depuis bientôt deux ans. Notre mission est de faire revenir les investisseurs en Côte d’Ivoire, mais aussi de les accompagner. Il est de notre devoir de rassurer les partenaires au développement et de les mettre en confiance. Cela fait partie de nos prérogatives. Une autre de notre mission est de les préparer à avoir la confiance des financiers locaux. Nous créons les conditions de notations, de certifications pour avoir des partenaires fiables et crédibles. Notre rôle, c’est aussi de promouvoir les potentialités locales qui peuvent être utiles pour les partenaires et pour tout partenariat « gagnant-gagnant ».
La CCICI joue un rôle important en matière de création d’entreprises et de mobilisation des investisseurs en Côte d’Ivoire. A Paris, à quelle porte faut-il frapper pour avoir les informations utiles avant de se rendre en Côte d’Ivoire ?
Il existe à Paris la Maison de l’Afrique qui a été fondée en 1976 par les pères des indépendances de nos pays à l’instar de Félix Houphouët-Boigny, Léopold Sédar Senghor et autres. En ce qui nous concerne, nous sommes en train de réorganiser cette Maison de l'Afrique afin qu’elle nous serve de représentations et de relais.
« La CCICI est représentée par son Conseiller consulaire en la personne de M. Traoré Mohamed »
A Paris, la CCICI est représentée par mon Conseiller consulaire en la personne de M. Traoré Mohamed qui coordonne nos activités. Idem en Allemagne et dans d’autres pays du monde. Nous instaurons une dynamique qui permet à la CCICI d’être efficace et utile. Nous pouvons affirmer aujourd’hui que nous nous donnons les moyens d’appuyer la diaspora.
Vous avez été élu en 2016 pour un mandat de six ans. Quel est votre bilan à mi-parcours de l’exécution de votre programme ?
Tant que nous parlons de développement, d’investissements, d’entreprises, du secteur privé, la CCICI aura toujours un rôle à jouer. Après moi, il y aura d’autres présidents. Mes prédécesseurs ont hissé la Chambre à un certain niveau. Je dois à mon tour apporter un plus. Ce plus viendra de l’autonomisation totale de la Chambre. Il est vrai qu’à l’époque la CCICI était entièrement financée par l’Etat. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. La Chambre a un budget de fonctionnement de 5 milliards de francs CFA (7,5 millions d’euros) et l’Etat ne contribue qu’à hauteur de 200 millions de francs (300.000 euros). Nous aurons atteint notre objectif lorsque nous n’aurons plus besoin de cette subvention de l’Etat si minime soit-elle.
L’Etat nous a concédé des services en l’occurrence le pesage de tous les produits agricoles à l’export comme le café, le cacao, l’anacarde et autres qui sortent de Côte d’Ivoire. La CCICI s’occupe également du transit inter-Etats communément appelé le TRIE. Notre ambition aujourd’hui est de créer une plateforme. Le dossier est en cours et bénéficie déjà d’un avis favorable du ministère de l’Industrie et des Mines. Après cette étape, l'autre volet de la question est de voir ce projet accompagné par les investisseurs. Ce qui va permettre de créer les conditions pour que les PME puissent réaliser leurs activités industrielles. Je retiens aussi le Centre de formation de la Chambre dont le rôle est d’accompagner les entreprises et les entrepreneurs. Nous avons aussi en projet la réalisation d’une école d’hôtellerie en partenariat avec la Chambre de Commerce de Bordeaux. D’autres partenariats gagnants-gagnants sont prévus sous ma mandature.
La Chambre, que vous présider, a certainement son mot à dire sur les inondations meurtrières dûes en partie à l’urbanisation galopante de la métropole d’Abidjan et à l’anarchie qui règne dans le secteur du bâtiment...
Vous conviendrez avec moi qu’il n’y a pas qu’en Côte d’Ivoire que les inondations liées aux pluies diluviennes soient à l’origine de nombreux dégâts humains et matériels. Quand vous suivez l’actualité dans le monde, les pluies font des dégâts même dans les pays dits développés.
« Les inondations sont les conséquences du dérèglement climatique »
Même en France, les inondations en Bretagne, dans l’Eure, en Ile-de-France ont provoqué de nombreux dégâts matériels et humains. Tout cela est la conséquence du dérèglement climatique. Vous me rétorquerez qu’en terme de dégâts, les proportions ne sont pas comparables. En Côte d’Ivoire, les autorités n’ont de cesse de tirer la sonnette d’alarme pour prévenir les populations habitant dans les « zones à risque ». Des opérations de déguerpissement et destruction d’habitats précaires ont été maintes fois menées dans les zones inondables mais ces mêmes populations reviennent s’installer au vu et su de tous.
Je peux vous assurer qu’après ces dernières pluies diluviennes qui ont fait 19 morts, le gouvernement ivoirien a pris ses responsabilités. Des efforts sont faits au niveau du drainage, du respect des tracés des grandes métropoles comme la ville d’Abidjan et des mesures fortes sont prises pour faire déguerpir définitivement les zones à risque. Avec les prévisions météorologiques, les services de l’Etat seront en mesure de prévenir de telles catastrophes. Ce sont là autant d’efforts qui vont permettre de limiter les dégâts des pluies diluviennes qui sont encore annoncées dans les jours à venir.
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