Eddie Komboïgo : « L'heure de l'alternance politique a sonné au Burkina Faso »
Eddie Komboïgo, candidat du Congrès pour le Démocratie et le Progrès (CDP) pour l'élection présidentielle du 22 novembre prochain au Burkina Faso, investi dimanche dernier.
Investi dimanche dernier candidat du Congrès pour le Démocratie et le Progrès (CDP) pour l'élection présidentielle du 22 novembre prochain, Eddie Komboïgo se lance corps et âme dans la campagne... Avec d'autant plus d'espoir que l'opposition est en passe de conclure un véritable accord politique pour le changement.
Par Bruno Fanucchi
« Je mesure l'immensité de la charge et de la responsabilité de président du Faso puisque sa mission est dans l'action et non dans l'inaction. Je sais que notre peuple, et en particulier sa jeunesse, fonde beaucoup d'espoir sur mon élection ». Acclamé par une foule impressionnante réunie dimanche 26 juillet au Palais des Sports de Ouaga 2000, c'est en ces termes emprunts de solennité qu'Eddie Komboïgo s'est réjoui de l'investiture du congrès extraordinaire du CDP.
Ce député burkinabè qui avait été arbitrairement privé de candidature pour l'élection présidentielle de 2015, sous prétexte qu'il était issu du parti fondé par l'ex-Président Blaise Compaoré, va donc pouvoir cette fois-ci affronter à la loyale le président sortant Roch Marc Christian Kaboré, candidat bien sûr à sa propre succession, mais dont les Burkinabè sont visiblement de plus en plus déçus.
Expert-comptable ayant créé un cabinet d'audit reconnu et respecté bien au-delà de la place, l'homme qui a repris la tête du CDP en mai 2018 a patiemment et méthodiquement reconstruit le mouvement politique fondé en son temps par le président Compaoré. Avec l'objectif d'en faire un parti remis en ordre de bataille et doté d'un véritbale programme de société, pour proposer à ses compatriotes une alternance politique leur permettant de tourner la page des « années noires » qu'incernent désormais aux yeux de nombreux Burkinabè les cinq années de règne de Kaboré. Une gouvernance aujourd'hui bien décriée tant la corruption et le terrorisme islamique ont fait de ravages et de victimes dans ce pays du Sahel réputé pourtant être celui des « hommes intègres ».
« Sur la sécurité, le président Kaboré a lamentablement échoué car le Burkina connaît une véritable descente aux enfers », nous avait d'ailleurs confié Eddie Komboïgo dans une interview exclusive en décembre dernier. En amont de son investiture solennelle, le président du CDP a tenu à déposer dimanche au monument aux morts une gerbe de fleurs en hommage aux innombrables victimes du terrorisme et disparus de la Nation car « notre pays est en guerre et il y a toujours des gens qui meurent ».
« L'heure de l'alternance politique a sonné au Burkina Faso », lâche-t-il aujourd'hui, en expliquant que celle-ci s'appuira sur les trois priorités qui s'imposent désormais au pays : rétablir la paix et la sécurité, prôner et mettre en œuvre la réconciliation nationale, relancer l'économie pour améliorer la vie quotidienne de ses compatriotes. La tâche paraît, bien sûr, immense, mais la volonté est là et il convient au candidat officiellement investi de rassembler les énergies et de permettre à tous ceux qui croient ou, du moins, espèrent en la victoire de travailler en parfaite synergie.
« Aujourd'hui, martèle Eddie Komboïgo, nous ressentons le besoin de changement des populations et nous nous engageons à travailler en ce sens pour leur apporter un changement qualitatif, non pas des promesses fallacieuses ou des promesses creuses, mais un programme concret et réalisable qui ramène la paix au Burkina Faso, la réconciliation et certainement un redécollage économique et une cohésion sociale avec les travailleurs ».
"C'est une excellente dynamique : tous contre Kaboré !"
C'est Achille Tapsoba, premier Vice-Président du CDP, qui annonce – conformément à l'article 82 des statuts – qu' Eddie Komboïgo est officiellement investi comme le champion du CDP pour la prochaine élection présidentielle et lui remet l'attestation qui en fait foi.
Membre du Haut Conseil du CDP, Luc Alphonse Tiao reconnaît cependant que la bataille ne sera pas une simple promenade de santé. « C'est une compétition très dure et pas facile car cette année les élections seront très disputées. Nous en sommes tous conscients. Ce que je souhaite, c'est que mon parti en sorte gagnant, mais surtout que tout se passe dans la sérénité et dans un climat de fraternité pour que le Burkina Faso en sorte gagnant ».
Si l'opposition n'est pas encore unie pour affronter le président sortant, elle est cependant en passe de conclure un véritable accord de gouvernement avec un accord désistement à clé en faveur du candidat le mieux placé au soir du premier tour le 22 novembre prochain. Et c'est déjà un très grand pas accompli. Ce qui s'est passé le week-end dernier en témoigne : c'est la grande nouveauté de cette année.
Investi la veille dans le même Palais des Sports candidat de l'Union pour le Progrès et le Changement (UPC), Zéphirin Diabré – qui avait recueilli en 2015 quelque 29,6 % des voix face à Kaboré – est d'ailleurs venu assister dimanche au « sacre » de son allié politique. Grand seigneur, il rendait ainsi sa politesse à Eddie Komboïgo qui avait tenu à participer en personne samedi à son investiture. Un geste fort et apprécié par tous les militants qui prônent aujourd'hui le changement.
« Je m'acquitte d'un devoir agréable, celui de te transmettre Eddie, et à tout le parti, tous les remerciements des lions et lionceaux de l'UPC pour le soutien que tu nous as apporté hier dans cette même salle à l'occasion de l'investiture du candidat de l'UPC (...) L'UPC et le CDP travaillent main dans la main sur le terrain, ensemble déjà pour gérer les muncipalités et demain – Inch'Allah ! - pour gérer ensemble le Burkina Faso », a ainsi lancé Zéphirin Diabré sous les applaudissements nourris de la foule.
Vice-Président et porte-parole de la Nouvelle Alliance pour le Faso (NAFA), le mouvement fondé par l'ancien ministre des Affaires étrangères Djibrill Bassolé, Aziz Dabo se réjouit de cette alliance politique qui se dessine et à laquelle il travaille depuis de longs mois. « C'est une excellente dynamique avec un seul slogan : tous contre Kaboré ! », lâche-t-il, en soulignant que celle-ci porte déjà ses premiers fruits : « Au Palais des Sports, il y avait samedi comme dimanche un monde fou, c'est du jamais vu ! ». A Ouagadougou, où souffle déjà un air de changement, comme aux quatre coins du pays, beaucoup de Burkinabè se reprennent à espérer...
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