Alpha Condé lance en Guinée la "Semaine de la Citoyenneté"

Alpha Condé lance en Guinée la

Le chef de l'Etat guinéen, le Pr Alpha Condé au lancement de la Semaine nationale de la Citoyenneté et de la Paix (SENACIP) / Photo @Benjamin Reverdit


Eduquer les jeunes générations au civisme et au patriotisme, c'est un des soucis majeurs des autorités guinéennes qui – sous la houlette du président de la République – profitent des 60 ans de l'indépendance du pays pour prêcher l'unité nationale. Reportage.

De notre envoyé spécial à Conakry, Bruno Fanucchi

Alpha Condé est-il déjà en campagne pour accomplir un troisième mandat de 5 ans à la tête de la Guinée ? Tout le donne à penser. Après avoir effectué une tournée éreintante d'une semaine en Haute Guinée et Guinée forestière, où il s'est physiquement beaucoup investi pour aller à la rencontre des Malinkés et autres ethnies bien impantées dans ces régions lointaines, le président guinéen – à peine de retour à Conakry – a lancé lundi la Semaine nationale de la Citoyenneté et de la Paix (SENACIP) organisée dans l'ensemble du pays par le Ministère de la Citoyenneté et de l'Unité nationale.

Dans le grand amphitéâtre – qui fait salle comble – de l'Université de Conakry (dans le quartier de Dixinn), le chef de l'Etat a tenu à participer personnellement à l'inauguration de la troisième édition de cette Semaine devenue un rendez-vous incontournable des Guinéens en quête de repères. Un événement citoyen dont il a pris l'initiative et qu'il a lui-même instauré par décret en juillet 2016 pour inciter ses compatriotes à davantage de civisme et d'engagement en faveur de l'unité nationale, de la paix, de la démocratie et des droits humains. Une semaine désormais très chargée et qui se déroule en principe chaque année du 1er au 7 novembre.

Mais cette Semaine s'inscrivait, bien entendu cette année, dans le cadre des festivités marquant les 60 ans d'indépendance de la République de Guinée, proclamée le 2 octobre 1958, et a donc été exceptionnellement décalée. Le slogan retenu cette année le rappelle d'ailleurs explicitement : « 60 ans d'indépendance, une obligation de mémoire citoyenne ». Car tous les Guinéens sont fiers de leur indépendance conquise de haute lutte et de leur souveraineté retrouvée.

"Amour de la patrie et vivre ensemble"

Cette cérémonie haute en couleurs avec une partie artistique de qualité a conquis la salle et enthousiasmé les centaines de jeunes présents. Elle constituait également la première sortie officielle du nouveau ministre de la Citoyenneté et de l'Unité Nationale, Mamadou Taran Diallo, issu de la société civile et qui avait pris ses fonctions le matin même. Cette semaine, a ainsi rappelé le ministre, « est célébrée sur l'ensemble du territoire national ainsi que dans nos représentations diplomatiques à travers des actions de formation et de sensibilisation autour des valeurs de civisme, d'amour de la patrie, du respect des institutions et du vivre ensemble ».

Mardi matin, le même ministre Diallo a ouvert les premières « Conférences citoyennes » avec les élèves de l'Ecole normale des instituteurs (ENI) de la commune de Kaloum en entonnant avec eux « Liberté », l'hymne national repris en choeur par l'ensemble des futurs institueurs, fiers d'appartenir à la Guinée, qui fut dès 1958 le premier pays indépendant de l'Afrique francophone. « Il n'y a pas de métier plus noble que celui d'enseignant car tout le monde est passé par l'école et nous sommes tous redevables de ce que nos maîtres nous ont appris. Cela n'a pas de prix », a-t-il lancé sous les applaudissements de l'assistance.

«Vous êtes les cadres de demain ayant la responsabilité de sauver la Guinée », avait souligné dans son discours d'accueil le directeur de l'ENI. Baptisée « Journée du drapeau national », cette deuxième journée avait pour but de susciter ou de réveiller l'esprit patriotique avec des conférences organisées dans tous les établissements scolaires et universitaires du pays. Et l'exercice fut très suivi.

"L'assainissement est notre priorité

pour changer le visage de la Guinée"

Puis devaient se succèder, au programme de mercredi et jeudi, deux « Journées d'immersion » avec l'envoi de volontaires dans les différents quartiers pour relayer auprès de toutes les couches de la population le B A Ba du civisme et du patriotisme. Et pour rappeler les régles élémentaires de bonne conduite et du savoir-vivre en matière de circulation routière dans une capitale où les bouchons constituent un cauchemar quotidien et un handicap majeur pour l'activité économique. Vendredi sera une Journée de débats et de tables-rondes organisées sur les ondes de toutes les radios locales pour créer une véritable synergie.

Samedi enfin, sera exceptionnellement organisée – comme tous les derniers samedis du mois - une « Journée de salubrité » consacrée aux actions d'assainissement et de ramassage d'ordures dans toutes les rues et espaces publics des villes et faubourgs.

Grand organisateur de cette Semaine aux multiples objectifs et facettes, Alhousseine Thiam, secrétaire général du Ministère et président du Comité d'organisation, insiste pour la fin de cette Semaine nationale - comme pour les éditions suivantes - sur le côté « concret » qu'il souhaite désormais donner à cette Semaine avec comme thème récurrent l'assainissement indispensable et nécessaire. « L'assainissement est notre priorité pour changer le visage de la Guinée ». Car, à l'évidence, il reste encore un grand travail de sensiblisation et d'éducation à ce sujet pour changer les mentalités et les mauvaises habitudes. « Il est important, explique-t-il en guise de conlusion, que les Guinéens voient concrètement que les choses bougent et s'améliorent dans leur environnement quotidien ».

Bruno Fanucchi

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